Sans remords

Un voyage sur un autre conti­nent, nor­ma­le­ment, ça coûte cher. Enfin, pas for­cé­ment le voyage en lui-même, mais les billets de trans­ports et le maté­riel à ache­ter pour le préparer.

En plus, dans le cas du petit tour au Pérou et en Boli­vie effec­tué ces vingt der­niers jours, le pro­gramme comp­tait deux treks de trois et cinq jours, dont une par­tie obli­ga­toi­re­ment en auto­no­mie totale (nour­ri­ture et eau com­prises) pour le second. Autant dire que, même si j’a­vais une petite expé­rience de la ran­do, la ques­tion du maté­riel s’est vite posée avec acuité.

Gros­so modo, j’a­vais une tente, des vête­ments, des ser­viettes, un sac de cou­chage, une col­lec­tion de sacs à dos… Bref, tout ce qu’il fal­lait. Sauf que tout ce maté­riel datait (à l’ex­cep­tion de ce sac, trop petit pour tout empor­ter) et que mon petit doigt me disait que c’é­tait la bonne occa­sion pour tout renouveler.

Voi­ci donc une petite liste des choses coû­teuses qui étaient neuves (ou juste rodées) il y a trois semaines, et dont je n’ai pas regret­té l’a­chat une seconde :

  • Un sac bien fou­tu. Le har­nais a été LE cri­tère déter­mi­nant pour le choix de mon nou­veau sac, et c’é­tait le bon choix. La double attache de la cein­ture abdo­mi­nale est un peu chiante à régler à la volée, mais elle per­met de repor­ter la masse sur les hanches sans risque de la voir glis­ser ; quant au sys­tème de réglage des sangles, qui tend simul­ta­né­ment dos et sangles pour conser­ver le bon pas­sage aux épaules, c’est juste génial niveau confort. Au début, char­gé à 15 kg pour aller à l’aé­ro­port, je l’a­vais quand même trou­vé un peu lourd ; au retour, char­gé à 17 kg (j’ai lais­sé l’autre sac sur place, rem­plis­sant donc plus celui-ci), je le sen­tais à peine, ce qui me fait dire que c’é­tait plus une ques­tion d’en­traî­ne­ment et de mus­cu­la­ture adap­tée que de sac pro­pre­ment dit.
  • Deux bâtons de marche. J’ai sou­vent mar­ché avec un seul, mais deux offrent un vrai avan­tage, en adhé­rence (col ennei­gé ou des­cente boueuse, même com­bat), en équi­libre (mon bâton droit m’a évi­té un gros acci­dent, quand une mule d’un groupe en voyage orga­ni­sé m’a mis un coup de son char­ge­ment au bord d’un trou), et en répar­ti­tion des charges (tirer avec les bras pour sou­la­ger les jambes, ça marche).
  • Des vête­ments tech­niques. Sec, ça isole ; mouillé, ça aspire l’hu­mi­di­té vers l’ex­té­rieur pour éva­cuer la trans­pi­ra­tion. Autre­ment dit : froid, ça tient chaud, chaud, ça res­pire ; pour qui a fait beau­coup de sport en coton, ça change la vie. Ça marche pour les t‑shirts et pour les pan­ta­lons — j’ai d’ailleurs mar­ché cer­tains jours en pan­ta­lon dans des condi­tions où j’au­rais d’ha­bi­tude dû m’ar­rê­ter pour pas­ser un short.
  • Des chaus­settes anti-ampoules. Oui, ça fonc­tionne vrai­ment, et c’est une révo­lu­tion. Le pro­blème, c’est qu’elles n’ab­sorbent pas la trans­pi­ra­tion et, dans des chaus­sures de mon­tagne étanches, l’ef­fet “odeurs louches” est garan­ti. Ce sont donc des chaus­settes que l’on adore tech­ni­que­ment, mais que l’on déteste olfac­ti­ve­ment. Notons que j’ai trou­vé le moyen d’a­voir quand même une ampoule… en par­ti­ci­pant à un match de foot pieds nus avec d’autres campeurs.
  • Une tente “tout inclus”. Chambre fixée au double toit, arceaux pliés (plus com­pact qu’une “deux secondes”) mais atta­chés qui s’en­filent dans une glis­sière fer­mée au bout : mon­tage en une minute, pas de risque d’er­reur, bonne résis­tance au vent, deux ouver­tures, pro­tec­tion des sacs à dos et large palettes d’aé­ra­tions. Pas très iso­lante (pré­voir gros sacs de cou­chage s’il fait fris­quet), mais légère et pratique.
  • Des ser­viettes micro­fibres : ça absorbe une belle quan­ti­té d’eau, ça sèche vite et… ça pèse rien et ça se glisse dans un sachet minus­cule. Bien sûr, le confort n’est pas celui d’une ser­viette-éponge clas­sique (sur­tout pour se cou­cher des­sus), mais qu’est-ce que c’est pratique !

Le bud­get total n’est pas négli­geable : envi­ron 700 €, qui s’a­joutent aux 1400 € d’a­vion (à com­pa­rer aux envi­ron 400 € tout com­pris dépen­sés sur place…). Mais fran­che­ment, ça valait le coup, tant le voyage aurait été moins confor­table avec le maté­riel dont je dis­po­sais habi­tuel­le­ment. Il faut aus­si noter que l’es­sen­tiel de mon maté­riel datait des années 90 : 700 € tous les quinze ans, c’est fina­le­ment assez raisonnable.

S’il y a une pointe de regret, c’est fina­le­ment pour bous­sole, ther­mo­mètre, cou­ver­ture de sur­vie et trousse de secours, qui n’ont pas vrai­ment (voire pas du tout) ser­vi. Mais bon, c’est le genre de truc tel­le­ment indis­pen­sable le jour où on en a besoin qu’on accepte volon­tiers de les por­ter les jours où ils sont inutiles…