Armes et richesse

C’est le résul­tat d’une large étude amé­ri­caine : 3 % des adultes détien­draient près de la moi­tié des armes en cir­cu­la­tion dans le pays.

Là, on se dit que c’est super concen­tré. Mais en y réflé­chis­sant, c’est logique : d’a­bord, la plu­part des gens n’ont pas d’arme à feu — on estime que 22 % seule­ment en sont équi­pés. Ensuite, si beau­coup de gens ont une arme à la mai­son ou dans leur sac, c’est sur­tout un mar­ché de col­lec­tion­neurs ; et un col­lec­tion­neur de trucs à quelques cen­taines de dol­lars peut, avec une bonne dose de pas­sion, s’en offrir un joli paquet. D’ailleurs, les fameux 3 % pos­sèdent en moyenne dix-sept armes à feu chacun.

On a donc 3 % de col­lec­tion­neurs achar­nés, un peu moins de 20 % d’a­che­teurs occa­sion­nels, et plus de 75 % de ceux que Blier qua­li­fie­rait de “salauds de paci­fistes”. C’est fina­le­ment assez logique.

Répartition des armes aux États-Unis en 2015 : 3 % possèdent 50 %.
Répar­ti­tion des armes aux États-Unis en 2015 : 3 % pos­sèdent 50 %.

Le truc qui m’a cho­qué, c’est que mal­gré cette dicho­to­mie très nette entre fans d’armes à feu et reste du monde, tenez-vous bien…

la répar­ti­tion des armes à feu aux États-Unis est PLUS éga­li­taire que celle de la richesse.

Vous savez com­bien d’A­mé­ri­cains pos­sèdent la moi­tié de la richesse natio­nale ? À peine plus de 1 %.

Répartition de la richesse aux États-Unis en 2012 : 1 % possédait 43 % (et depuis, ça s'est creusé).
Répar­ti­tion de la richesse aux États-Unis en 2012 : 1 % pos­sé­dait 43 % (et depuis, ça s’est creusé).

Trois per­sonnes sur quatre ne sont tout sim­ple­ment pas inté­res­sées par le fait d’a­voir une arme à feu. Même par­mi celles qui res­tent, les col­lec­tion­neurs qui amassent sont une infime minorité.

À l’in­verse, tout le monde veut de l’argent. Cer­tains veulent de quoi vivre, d’autres veulent de quoi se payer des putes, de la coke et des Fer­ra­ri, mais la pro­por­tion d’A­mé­ri­cains qui se passent volon­tai­re­ment d’argent est négli­geable, et la pro­por­tion de ceux qui se contentent du mini­mum et refu­se­raient d’aug­men­ter leur richesse per­son­nelle n’est sans doute guère éle­vée. En somme, les col­lec­tion­neurs de richesse sont beau­coup plus nom­breux que les col­lec­tion­neurs d’armes à feu.

Mais il faut réunir deux fois plus d’A­mé­ri­cains pour accu­mu­ler la moi­tié des armes à feu que pour accu­mu­ler la moi­tié des richesses.