Joyeux anniversaire

Au pre­mier coup d’œil, il n’a­vait rien de vrai­ment remar­quable. Il res­sem­blait beau­coup à son frère aîné : il était juste un peu plus mus­clé et n’a­vait pas peur de faire de longues pro­me­nades, même par des nuits sans lune. Comme tous ceux de sa géné­ra­tion, il fut rapi­de­ment appe­lé au front ; il por­ta peu les armes, mais se révé­la un livreur irré­pro­chable, trans­por­tant per­sonnes et maté­riel d’un bout à l’autre de la pla­nète. Il pour­sui­vit cette car­rière une fois ren­du à la vie civile, voya­geant dans tous les pays et ren­dant des ser­vices ines­ti­mables dans les contrées les plus variées — quitte à trem­per par­fois dans quelques affaires louches : pour res­ter dans les inévi­tables cli­chés, on le soup­çonne d’a­voir été tra­fi­quant de drogue en Amé­rique du Sud et d’a­voir livré des armes en Afrique. Plu­tôt beau gosse, il a éga­le­ment fait une belle car­rière au ciné­ma et était encore star de télé­vi­sion il y a deux ans. Mais il a sur­tout été un bon cama­rade, cos­taud, sym­pa, tou­jours pré­sent quand on avait besoin de lui, capable d’en­cais­ser les coups durs et de pro­té­ger les gens qu’il ser­vait envers et contre tout. À quatre-vingts balais, il est tou­jours très appré­cié par ses employeurs et, bien que l’ad­mi­nis­tra­tion essaie par­fois de le col­ler en mai­son de retraite à coups de pied au cul, il conti­nue à bos­ser comme un jeunot.

Joyeux anni­ver­saire, Dou­glas Slee­per Trans­port (deve­nu DC‑3, C‑47, C‑53, R4D, Dako­ta, Li‑2, L2D, Tur­bo Three, BT-67…).