Vous vous rap­pe­lez de la pho­to de notre guide esseu­lée ? Si vous avez jeté un œil dans le coin, vous aurez vu un tram­way à l’an­cienne (ali­men­té par perche et non par pan­to­graphe), mon­té sur un bogie unique dont la voie ne dépasse pas 90 cm, et qui roule sans cré­maillère sur une pente spectaculaire.

Ren­sei­gne­ment pris, le point le plus pen­tu du réseau de tram­way lis­boète atteint… 13,5 %. En com­pa­rai­son, les rampes du métro pari­sien ne dépassent pas 4 % ; il sem­ble­rait que ce tram­way soit le moyen de trans­port sur rail grim­pant les plus fortes pentes de la pla­nète, en excluant les outils à cré­maillères ou à câbles bien entendu.

Donc, après avoir lais­sé nos musi­ciens et nos tra­boules, nous avons fait un tour de tramway.

L’oc­ca­sion pour cer­tains de faire des films — le grand mon­sieur bron­zé au fond aime jouer avec son GH1, comme on peut le voir ici.

L’oc­ca­sion pour d’autres de s’es­sayer au sui­cide. Petite spé­ci­fi­ci­té : ici, les trams peuvent croi­ser de très près…

En fait, c’est même pire puisque cer­taines ruelles sont trop étroites pour ins­tal­ler deux voies de front. Du coup, il y a car­ré­ment des croi­se­ments, des pas­sages où les deux voies fusionnent et où les tram­ways s’at­tendent au feu. On note­ra que les aiguillages de ces croi­se­ments ne sont pas com­man­dés : un gros res­sort envoie les tram­ways qui passent dans le bon sens vers la voie de droite, et ceux qui passent à contre-sens poussent déli­ca­te­ment sur l’ai­guillage avec les roues avant pour qu’il s’ouvre.

Du coup, les voi­tures et autres tram­ways font quelques frayeurs au lot de dingues qui pho­to­gra­phient pen­chés par la fenêtre — je com­prends pour­quoi la RATP ne laisse plus entre­bâiller que dix cen­ti­mètres de ses vitres — et font bien mar­rer ceux assis juste der­rière, qui éclatent de rire en disant dans leur langue un truc qui son­nait comme “ils sont fous ces Gau­lois” après que Rémi a failli se man­ger un obstacle.

Après la balade en tram­way, on re-marche quelques kilo­mètres, où les habi­tués de Lis­bonne en pro­fitent pour me faire poser devant un tag de fau­teuil, pour finir sur un cul-de-sac : une struc­ture métal­lique vague­ment Eif­fel sur­plombe une falaise d’une cin­quan­taine de mètres de hauteur.

Dix mètres der­rière nous, les ves­tiges du couvent de Car­mo, par­tiel­le­ment effon­dré après le séisme de 1755.

Entrée inter­dite aux étran­gers… Pas grave, je lis pas le por­tu­gais. (Re-tête d’ange qui sif­flote, tout ça.)

Plus loin, ani­ma­tion orga­ni­sée spé­cia­le­ment par Pana­so­nic : des demoi­selles por­tant plus lourd de fard que de tis­su, un pho­to­graphe de mode, tout ça. Notez l’at­ti­tude très Full metal jacket d’Her­vé, prêt à plon­ger der­rière un muret pour s’a­bri­ter de je ne sais quoi.

Bien plus spec­ta­cu­laire : une minute vingt plus tard, un des pro­to­types à nous confiés vient de pas­ser un crash-test. Épreuve 1 : chute oblique, 60 cm, sur pavé lis­boète. Moment d’é­mo­tion, mais en-dehors d’une égra­ti­gnure, l’ap­pa­reil se porte bien : une fois que l’o­pé­ra­trice lui a remis la bat­te­rie en place, il démarre sans coup férir. Les résul­tats de l’é­preuve 2, le crash-test façon Saint-Élie (“l’OM‑1, c’est un boî­tier, tu pou­vais plan­ter des clous avec”), n’ont pas été divul­gués à l’heure où nous écrivons.

C’est à peu près à ce moment que des gens viennent voir ce qu’il se passe — ça fait une heure que des groupes de jour­na­listes de tous les pays se suc­cèdent à cet endroit — et regardent de près nos appa­reils. Comme opé­ra­tion sur des modèles top secrets, on a vu plus discret.

Il se fait tard, on rentre à l’hô­tel, en croi­sant au pas­sage une bouche de métro Gui­mard. On était en bus, j’ai raté la pho­to. She­ra­ton, une heure de bat­te­ment. Douche (pour­quoi les sani­taires sont plus grands que mon appart’ ?), petit pas­sage par Inter­net pour voir les nou­velles (pour­quoi l’ac­cès est payant, 4 €/heure ou 18 €/jour ?), et il est temps de sortir.

Suite : Ripaille !