J’ai reti­ré la pile de mon réveil ;

J’a­vais trop peur qu’il gêne mon sommeil.

Son tic-tac me gêne, me rappelant

Les secondes qui s’é­grènent au fil du le temps.

Ils vou­draient que je sorte, aller bosser

Mais j’ai fer­mé ma porte, je veux larver.

Muse­lé le télé­phone, l’ai débranché :

Je ne veux pas qu’il sonne me réveiller.

Lais­sées à l’ex­té­rieur toutes leurs guerres,

Leurs folies de tueurs, le nucléaire.

Ils vou­draient que je revienne dans leur demain,

Mais une for­tune même ne me convainc.

Est-ce la guerre à l’ex­té­rieur ? Cette question,

Je la refuse tant j’ai peur de la réponse.

La paix est dans mon lit, c’est l’essentiel ;

Car j’y suis endor­mi avec ma belle.

Je sens sa douce cha­leur, si proche de moi

Que j’en­tends presque son cœur qui len­te­ment bat ;

Je devine sa peau si jaune et douce,

Caresse à peine son dos, du bout du pouce.

Je som­meille presque encore. Juste à coté,

Je la sens, elle qui dort, tran­quille, en paix.

Lais­sez-nous donc finir la matinée

En fei­gnant de dor­mir, les yeux fermés.

Alors, nous vous lais­se­rons faire votre ronde,

Vous com­battre comme des cons, détruire le monde.

Mais lais­sez donc intact notre nid,

Et lais­sez-nous là, au fond du lit.

(03/99)