Le deuxième jour, Franck inven­ta le lever à heure fixe. Et il vit que cela était con. Donc, yeux ouverts à 7 h 30 CEST, autre­ment dit 6 h 30 heure locale (le Por­tu­gal est logi­que­ment calé sur le fuseau d’Eu­rope occi­den­tale, au contraire de la France et de l’Es­pagne). Ten­ta­tive de som­no­lence, échec, debout vers 7 h. Après un cou­cher vers une heure, ça nous fait facile cinq heures de som­meil à ajou­ter aux trois de la nuit pré­cé­dente, yes !

Petit tour sur Inter­net (re‑4 €), puis direc­tion la récep­tion pour retrou­ver les col­lègues. Ah, fal­lait man­ger avant de venir ? Boaf, je peux sau­ter un repas, pis le sui­vant devrait pas trop tarder…

Mini­bus avec rien que des Fran­çais (sauf le chauf­feur et une guide locale qui par­lait fran­çais mieux que bien des guides hexa­go­naux). Pas­sage dans la ville…

Ce superbe cube en verre est un centre com­mer­cial. Appa­rem­ment, les Lis­boètes en sont fiers. J’hé­site entre lui trou­ver un air de famille avec les bun­kers du mur de l’At­lan­tique et le rap­pro­cher de R2D2.

On quitte rapi­de­ment la ville pour mon­ter sur la col­line de Sin­tra, qui sépare la ville de Lis­bonne de l’o­céan. Résul­tat : front de mer + élé­va­tion de ter­rain = micro-cli­mat, dix degrés de moins qu’en ville et beau­coup plus humide.

La mon­tée est sym­pa : ruelles étroites, routes de mon­tagne bien tor­dues comme on les aime — les bus clas­siques n’ont pas le droit de mon­ter et l’of­fice du tou­risme local a ache­té des bus spé­ciaux d’une tren­taine de places qui font pile la bonne lon­gueur pour prendre les épingles, ça me rap­pelle la cité uni­ver­si­taire du Rabot tout ça…

Au pas­sage, on croise une calèche. Le pro­to­type réagit plu­tôt bien, pour selon que je lui demande ça à la der­nière seconde, dans un bus caho­tant et en visant un sujet mobile.

En revanche, un peu plus loin, je rate une mai­son un musée (mer­ci Rémi) déco­ré avec des Play­mo­bil géants. Déso­lé Philippe.

Arri­vés au par­king, on s’as­sied dans un bus où cer­tains com­mencent à som­no­ler, jus­qu’au moment où d’au­cuns s’a­visent qu’on peut mon­ter à pied.

Ça grimpe raide, un peu dur pour les mal réveillés (on y revien­dra…) et l’im­bé­cile qui a sau­té le p’tit-déj, mais ça vaut le coup : les essences végé­tales sont d’une richesse hal­lu­ci­nante, allant de la fou­gère arbo­res­cente au rési­neux sud-amé­ri­cain en pas­sant par le feuillu bien de chez nous. Les habi­tués de la forêt de Saou ne seront pas tota­le­ment dépay­sés, mais là, on passe car­ré­ment à une autre échelle.

Évi­dem­ment, les aller­giques chro­niques seront moins enthou­siastes : en toute logique, il doit à peu près tou­jours y avoir une essence qui pollénise.

Les sen­tiers sont pavés, mais ser­pen­tant entre les arbres à la façon d’un jar­din à l’an­glaise. Vrai­ment sympa.

En grim­pant un peu plus, on le voit…

…le palais de Pena, châ­teau roman­tique de la fin du XIXè. Vu d’i­ci, ça a déjà l’air bor­dé­lique, mais c’est rien par rap­port à l’in­té­rieur. On note­ra les for­ti­fi­ca­tions par­tielles, qui jurent avec les grandes fenêtres, les murs recou­verts de faïences colo­rées, et l’empilement anar­chique de blocs de bâti.

L’en­trée est du plus pur style mau­resque… mais avec un petit pas­sage en roman à droite. C’est un bon résu­mé du palais : par­tout, les styles archi­tec­tu­raux s’en­tre­croisent, d’o­ri­gines des plus diverses et sans logique particulière.

Vu d’en haut, on voit bien l’empilement de ter­rasses, la porte mau­resque et, juste à côté, une voûte en plein cintre digne des châ­teaux forts du XIVè, la ruelle pavée qui ser­pente au milieu, une cou­pole byzan­tine, une ram­barde qui fait plus ou moins pen­ser aux châ­teaux d’é­té de la renais­sance, et le tout est peint par Made­moi­selle Jeanne. Une sorte de gigan­tesque Palais idéal, très dif­fé­rent mais vague­ment simi­laire dans l’idée.

On trouve même de la déco­ra­tion baroque assez déli­bé­ré­ment hideuse.

Quant à l’in­té­rieur, ça serait volon­tiers mais, aus­si éton­nant que ça puisse paraître dans une tour­née de tes­teurs d’APN, les pho­tos sont inter­dites. Dom­mage : c’est sombre, sur­char­gé, roman­tique en diable — enfin, roman­tique façon Kurt Cobain : idéal pour les dépres­sifs — et la seule pièce un peu aérée et éclai­rée est la cui­sine. Un col­lègue plus fron­deur que les autres n’a pas arrê­té de shoo­ter au jugé pour le prin­cipe, fau­dra voir ce que ça a donné.

Fina­le­ment, c’est un bor­del savam­ment orga­ni­sé, assem­blage hété­ro­clite de trucs volés sur l’en­semble de la pla­nète, et ça s’ac­corde très bien au jar­din anglais tout autour.

Sur un pro­mon­toire sur­plom­bant l’embouchure du Tage, un garde en armure sur­veille Lisbonne.

Après avoir fait le tour, on redes­cend au bus et on reprend la route.

Le temps de croi­ser une vil­la pau­mée dans la forêt (je veux la même !)…

…il est 11 h, l’heure de la col­la­tion du matin. Spé­cia­li­té locale pas dégueu du tout, pro­duit idéal pour un régime.

Enfin, on reprend le bus pour un long retour par le bord de mer/de fleuve. Pour don­ner une idée : c’est les Alpes Mari­times ou les Maures, mais avec des routes en bon état. À peu près tout le monde pique du nez…

Per­son­nel­le­ment, je com­mence à dor­mir en entrant dans Lis­bonne, mais Sophie me réveille façon “on arrive bien­tôt”, et on traî­ne­ra encore vingt minutes dans les rues avant d’ar­ri­ver au res­tau. Du coup, je regarde dehors.

Si vous cher­chez l’hô­pi­tal ou la police, mer­ci de vous adres­ser à David Guet­ta. Ouille. Oublions ça et allons man­ger. >_<

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