Le 15 jan­vier 2004, George Wal­ker Bush, pré­sident des États-Unis, a annon­cé son inten­tion de retour­ner sur la Lune pour y ins­tal­ler, de manière per­ma­nente, des hommes en gigan­tesques boîtes de conserve, avec pour but avoué d’al­ler poser le pied sur Mars dans les cin­quante pro­chaines années.

Vue la capa­ci­té de nui­sance inépui­sable de l’être humain, je ne suis pas très opti­miste sur l’a­ve­nir de la pla­nète rouge…

Je suis le président

Du pays le plus grand

De la pla­nète Terre ;

Je suis le roi du monde,

Et si la Terre est ronde,

Elle est mienne et entière.

Je sème mes étrons,

Je pol­lue à foison

Et mes cons citoyens

Boivent l’es­sence par gallons

Pour cent mètres en camion,

Pour ache­ter leur pain.

J’ai des armes nucléaires,

Alors je fais la guerre,

Il faut bien s’amuser.

Je rends leur liberté

Aux peuples opprimés,

Liber­té de m’aimer !

Je crée des démocraties,

Les mau­vaises langues disent

Que j’sais pas ce que c’est ;

Bien sûr que je connais :

C’est, comme dans mon pays,

Quand c’est moi qui dirige !

Cette pla­nète Terre

Est finie, quant à l’air,

Il est irrespirable ;

J’a­voue enfin ma faute,

À moi et tous les autres,

Tous mes frères, mes semblables :

Nous avons pollué

Sans jamais rien compter,

Rasé l’A­ma­zo­nie,

Enfer­mé les Indiens,

Mis des col­liers aux chiens,

Et même pour­ri la pluie !

On a fini la Terre,

Il est temps de prendre l’air,

Mon peuple est enthousiaste :

Je lui pro­mets la Lune,

Ça coû­te­ra une fortune,

Et pour demain, c’est Mars !

Pour l’ins­tant, on y a

Quelques tonnes de ferraille,

Mais c’est un peu mesquin ;

On va y habiter,

On va y polluer,

C’est l’a­ve­nir de l’humain !

Tout comme un écolier

Ne peut pas s’empêcher

D’pour­rir une table neuve,

C’est bien plus fort que moi,

Cette pla­nète-là

Est bien trop propre, trop neuve.

Une terre vierge et pure

Pour y mettre nos ordures,

Avant que la Terre pète ;

Quand on aura pourri

Ce petit paradis,

Il en res­te­ra sept !

Je vais faire une poubelle

De taille universelle,

Vendre le droit de décharge

Dans ce vaste décor,

Me faire des couilles en or,

Et vous trou­vez ça grave ?

(01/04)