Inktober, semaine 2

Je vous l’a­vais dit : c’é­tait com­plè­te­ment con de faire l’Ink­to­ber, vu que j’é­tais un peu pris ce mois-ci.

Style, le 13, après avoir ren­du un gros dos­sier, j’ai sau­té dans le train direc­tion Le Mans, puis Nîmes, pour les confé­rences Aerial Fire Figh­ting et Search and Rescue puis l’an­ni­ver­saire du Grou­pe­ment d’hé­li­co­ptères de la Sécu­ri­té civile. Vous com­pren­drez que le 14, le 15, et tous les autres jours jus­qu’au 22, j’a­vais autre chose à faire que le billet sur la deuxième semaine. Quant aux 23, 24 et 25, ben fal­lait bien que je rat­trape un peu de retard : les retours de mon gros dos­sier, les tra­duc­tions à faire pour les lan­ce­ments de la semaine, tout ça. Néan­moins, j’ai réus­si à gri­bouiller presque tous les jours, et j’ai la matière.

C’est donc aujourd’­hui que je publie ce billet. Soyez sym­pas : faites comme si on était le 14. Merci.

“Croo­ked”, pour les gens du French Ink­to­ber, c’é­tait “tor­du”. Mais c’est aus­si “escroc, mal­hon­nête”, ce qui m’a plus ins­pi­ré. Vous vous sou­ve­nez des affiches anti-Nixon “achè­te­riez-vous une voi­ture d’oc­ca­sion à cet homme” ?

Bien sûr, j’ai lar­ge­ment foi­ré les traits d’Air Force One et l’ombre que j’ai vou­lu ajou­ter sur le visage de leur pré­sident res­semble plus à une cica­trice de brû­lure — mais bon, eh, Har­vey Dent, ça lui va pas mal. J’ai buté comme plein d’autres sur la tra­duc­tion du dis­cours, que je trouve moins recon­nais­sable en fran­çais qu’en anglais (“It’s an ama­zing plane, you know, with all the com­fort, the equip­ment, the seats, the win­dows, all the small details. And it’s fast, ama­zin­gly fast. Did you know it’s the fas­test plane in the coun­try? I didn’t know that. Ama­zing plane, really.”)

Lun­di, début d’un run­ning-gag avec ce Tri­ni­dad posé sur le ventre. Le modèle est qua­si­ment iden­tique au Toba­go, la prin­ci­pale dif­fé­rence étant que celui-ci a un train fixe, ce qui rend le gag pos­sible. La réplique du contrô­leur, “Franck, c’est toi ?” est évi­dem­ment un clin d’œil au “Chuck, is that you?” récur­rent dans l’ex­cel­lente série Chi­cken Wings, que je ne sau­rais trop recom­man­der si vous par­lez un peu l’an­glais aéronautique.

Assez satis­fait de l’herbe et des che­veux héris­sés du contrô­leur, ain­si que de l’al­lure ter­ri­fiée du pas­sa­ger (détail ci-contre). Assez déçu en revanche du ren­du des étin­celles et du pli des pales de l’hé­lice, clai­re­ment ratés.

Mar­di, c’é­tait “colos­sal”. Le Mriya s’im­po­sait de lui-même, vu qu’il pour­rait ava­ler un A380 sans mâcher (non j’exa­gère pas, chez moi on appelle ça “expli­quer”). Et c’é­tait l’oc­ca­sion de rap­pe­ler que les plus gros objets volants datent tou­jours de la fin des années 30 — le Graf Zep­pe­lin II, sis­ter-ship du célèbre Hin­den­burg, fai­sait comme lui 245 m de lon­gueur et 200 000 mètres cubes.

Quelques erreurs de pers­pec­tive çà et là (en par­ti­cu­lier sur les réac­teurs), mais je suis rai­son­na­ble­ment satis­fait d’un des­sin fait un peu rapi­de­ment à la fin d’une grosse jour­née de rédaction.

Soyons clair : on n’a pas tou­jours d’ins­pi­ra­tion, de temps ou d’en­vie. Quand on a aucun des trois, ça donne ça : le “cou­rir” du mer­cre­di. Vous ai-je dit que j’é­tais en train de bou­cler un gros dossier ?

Jeu­di, c’é­tait “bou­le­ver­sé”, une bonne occa­sion de reprendre le gag du lun­di sous un autre angle : celui du pilote qui avait réser­vé le Tri­ni­dad juste après. Ça m’est arri­vé une paire de fois, notam­ment un jour où je devais voler avec un pote (on a fini par faire un petit tour exprès avec un autre avion qu’il fal­lait rap­por­ter rapi­de­ment), et c’est très agaçant.

J’a­vais envoyé ma der­nière page le matin et, en atten­dant le retour de la rédac-chef, j’ai pu prendre le temps de me poser pour gri­bouiller tran­quille­ment. Je suis assez content du Tri­ni­dad, plu­tôt petit sur l’o­ri­gi­nal et qui conserve assez de détails pour être recon­nais­sable et suf­fi­sam­ment peu pour ne pas être sur­char­gé. Je suis content de la carte, où le tra­jet est bien visible (regar­dez-la en grande taille) et où les pays sont recon­nais­sables et ana­mor­pho­sés cor­rec­te­ment. J’ai beau­coup bos­sé les ombrages, avec plus ou moins de suc­cès, et les per­son­nages sont plu­tôt ratés (la dame a des mains minus­cules par exemple, et contrai­re­ment à Trump, ça n’est pas volontaire).

Les plus obser­va­teurs auront noté une inco­hé­rence : il y a une fenêtre à gauche, alors que dans le des­sin pré­cé­dent, à cet endroit, c’est une porte.

Ven­dre­di, c’é­tait le jour du départ, j’ai donc dû me grouiller un peu pour des­si­ner sur le thème “grouillant”. Et quel meilleur endroit pour trou­ver des choses qui grouillent autour des avions qu’un mee­ting aérien ? Et quelle meilleure solu­tion pour évi­ter la foule que de res­ter au-dessus ?

Pour com­pli­quer les choses, mon fidèle feutre, ache­té en 2012, a ren­du l’âme ce matin-là. Ça fai­sait trois jours qu’il mani­fes­tait son désac­cord à chaque fois que j’es­sayais de lui faire faire des longs traits ou des aplats et là, il a tout de suite dit qu’il en avait marre. Il y a donc une par­tie encrée au feutre sec avec beau­coup de patience, et une par­tie avec un sty­lo à encre liquide ache­té en urgence chez le bura­liste le plus proche. Je suis assez satis­fait du VariEze, même si je suis déçu que tout ne soit pas lisible (si j’a­vais réus­si à faire un trait assez fin avec mon nou­veau sty­lo, vous pour­riez par exemple véri­fier qu’on est en anti­cy­clone en com­pa­rant l’al­ti­mètre et l’al­ti­co­dage du trans­pon­deur). J’ai eu beau­coup plus de mal avec ces innom­brables indi­vi­dus, qui sont qua­si­ment tous de la même taille alors que, étant don­né la pers­pec­tive, ceux du font devraient être beau­coup plus petits.

En revanche, les habi­tués note­ront que j’ai bien fou­tu tous les tarés à gros télé­ob­jec­tif au bon endroit — et qu’il n’y a pas de haut-par­leur dans leur champ de vision, “un vieux rêve per­son­nel” comme disait Blier.

 

Same­di, on était sur la route toute la sainte jour­née. C’est donc à l’ar­rache, après avoir pris pos­ses­sion de la mai­son louée pour la semaine, man­gé une piz­za et pris une douche, que j’ai cher­ché quelque chose de “féroce”. On était pas­sé près d’Is­soire dans la jour­née, donc un Lion­ceau s’imposait.

Inutile de me dire que là, on a l’im­pres­sion que l’a­vion est trois fois plus gros qu’il ne l’est : c’est nor­mal, c’est quand il aura gran­di que le lion­ceau sera vrai­ment féroce. Ou alors, j’ai com­plè­te­ment foi­ré les pro­por­tions en ajou­tant le pilote. Ah, et j’ai pas mis la moi­tié de l’ar­ceau qui devrait être der­rière lui, aus­si. Ai-je dit que j’é­tais fati­gué et que c’é­tait à l’arrache ?

Spoi­ler alert : la semaine 3 sera pas terrible.