Français, votez pour moi
|d’Audrey Pulvar, *
Hier soir, j’savais pas trop quoi faire de ma télé. Jugé coupable est très bien, mais je l’avais déjà vu deux fois. Alors, j’ai regardé cette émission politique de France 3, présentée par Audrey Pulvar (et un invisible dont je ne suis pas convaincu de l’utilité).
Au programme, quatre invités représentant quatre candidats à la prochaine présidentielle. De gauche à droite1 : Lagarde, député-maire (à quand l’interdiction du cumul des mandats ?) de Drancy, pour Bayrou ; Dray pour Royal ; Devedjian pour Sarkozy ; le Pen fille pour le Pen père.
Face à eux, onze personnes sélectionnées par l’émission parce que supposées représenter les Français et avoir quelque chose à dire (hum, hum… Représenter les Français <-> avoir des choses à dire, vous voyez le problème ?).
Autant vous le dire tout de suite, j’ai pas été déçu. La compétence des journalistes n’est pas à remettre en cause : les intervenants étaient bien choisis, ils avaient effectivement des opinions et des questions intéressantes (de quoi douter qu’il représentassent les Français) et Audrey Pulvar faisait montre d’un soucis certain d’équité et de débat digne de ce nom.
Le problème, comme d’habitude, vient des quatre autres, les quatre bœufs ci-dessus nommés. Entre Julien Dray qui, à chaque question, commence par répondre «D’abord, …» pour pouvoir dire ce qu’il avait envie de dire, qu’il y ait ou non un rapport avec la question, Patrick Devedjian dont la langue doit commencer à être sérieusement râpeuse à force de lécher tout ce qui passe (avec lui, tout le monde a raison de poser des questions et seul Sarkozy peut y apporter une réponse satisfaisante),
Marine le Pen qui n’est pas capable de répondre sans hurler (Papa n’a jamais dû lui apprendre à parler sans crier… Ça me rappelle la fille du colonel du 11 1/2 de cavalerie dans Les nouvelles aventures de Lucky Luke…) ni couper ses interlocuteurs, on n’a que Jean-Christophe Lagarde qui a tenté une fois ou l’autre de répondre à une question sans insulter personne ni tout ramener à son candidat. Je crois pas être suspect d’amitiés UDF, mais je pense sincèrement que c’était le moins pire des quatre.
À retenir cependant :
Devedjian est convaincu que seul Sarko peut redresser le pays, mais on a raison de lui demander pourquoi Sarko n’a rien foutu depuis cinq ans, mais seul Sarko peut redresser le pays. Et puis, le travail ne se partage pas : le travail crée lui-même le travail, c’est en travaillant plus (quand on a du taf) qu’il y aura plus de boulot pour les chômedus, la richesse crée la richesse… Air connu chez les capitalistes et libéraux et qui, si je ne m’abuse, a été démonté par Keynes dès les années 30.
Du coté de le Pen, qui connaît bien les besoins des Français puisqu’elle est mère célibataire et catholique, il suffit que les enfants d’immigrés changent de prénom pour que les problèmes de discrimination disparaissent et… la préférence nationale est la solution ultime pour que les enfants d’étrangers ne subissent plus de racisme. Non, s’il vous plaît, ne rigolez pas, c’est sérieux…
Le député-maire de Drancy fait plein de choses pour plein de gens qu’il connaît super bien et remercie son conseil régional (PS) de subventionner ses associations d’aide aux uns et aux autres. La lèche du coté gauche chez l’UDF se confirme plus que jamais, mais en même temps, c’est vrai qu’à l’heure actuelle Royal est la candidate la plus à même de revendiquer l’héritage gaullien.
Quant au PS, égal à lui-même, il fut incolore, inodore, libéral mais pas trop, mou comme une endive cuite sauf quand il s’énervait pour des raisons pas claires…
Au final, je ne crois pas que quiconque ait répondu ne serait-ce qu’à une question sans noyer le poisson dans une suite incontrôlée de phrases vaseuses.
J’ai l’impression que je suis pas près de savoir pour qui voter, moi…
1 C’est pas une erreur, c’est de l’humour.