Incendie de véhicule : rebelote !
|Vous vous souvenez peut-être de l’incendie d’un appentis abritant un Dodge, le 8 mai dernier ?
Et bien figurez-vous que j’ai eu de nouveau l’occasion de regarder bosser nos gentils pompiers de Luc-en-Diois.
C’est ce coup-ci une auto-bétonnière qui, lasse d’une vie terrestre par trop huileuse, s’est immolée par le feu.
de notre correspondant permanent sur place, Franck Mée.
C’est l’odeur qui a réveillé le petit village de Val-Maravel, ce 30 juillet vers quinze heures. Une odeur caractéristique de gros truc huileux qui crame. Intrigués, les habitants se sont rendus en nombre pour voir.
Arrivé sur place, c’était Dante.
Quelque chose de gros qui brûle, des gens qui courent… L’enfer est à nos portes, à cent mètres à peine de l’entrée du village. [Hommage à Nick Ut.]
En grimpant sur le talus, entre la haie et les résineux, il fut possible de voir…
…que c’était une auto-bétonnière qui cramait. Remarquez les cercles de feu qui soutiennent le véhicule, là où il avait des pneus.
Notez, en bas, que les arbres ont brûlé aussi, on y reviendra.
Vu de l’arrière, une amorce d’explication : le gros de l’huile a brûlé, mais il en a coulé pas mal avant…
Sur cette vue, enfin, l’on devine l’apparence originelle de l’engin.
La bonne nouvelle, c’est que la bétonnière n’était pas seule. L’autre bonne nouvelle, c’est que le chauffeur a pu sauter — notez la porte ouverte qu’il n’a même pas pris le temps de fermer.
La dernière bonne nouvelle, c’est que l’entreprise à laquelle appartient cette auto-bétonnière a eu la bonne idée d’embaucher quelques pompiers volontaires qui, détournant au passage le tuyau d’arrosage du cimetière municipal et les extincteurs de la salle des fêtes, ont pu fixer le feu avant qu’il ne se propage aux résineux à gauche. Merci à eux.
Environ vingt minutes après l’appel, les pompiers sont arrivés et, rapidement, se sont mis en place.
Si vous avez l’impression que l’eau est plus blanche et grumeleuse que celle du 8 mai, c’est normal :
Faut jamais mettre d’eau pure sur un feu d’hydrocarbures. Du coup, un produit moussant était ajouté au fur et à mesure.
Évidemment, il fallait éteindre le feu principal… Mais aussi inonder la végétation pour s’assurer qu’elle ne reprenne pas.
Notez que la p’tite dame qui arrose le talus n’a pas sa tenue : forcément, elle était sur place avant que les pompiers ne soient appelés. L’entreprise a eu raison d’embaucher des pompiers volontaires, on vous dit !
Il a fallu pas mal de «mousse» pour arriver à éteindre le feu : sur ces machines, le moteur entraîne une pompe et c’est tout. Tout le reste est entraîné par des conduites hydrauliques (c’est probablement une fuite d’huile hydraulique sur le moteur qui a déclenché l’incendie) : toupie, transmission, direction… Du coup, avec le réservoir d’essence en prime, il y a quelques centaines de litres de liquides combustibles.
Petite remarque en passant : l’odeur de la mousse sur le feu est peut-être même pire que celle des pneus qui brûlent. C’est terriblement âcre.
Et comme d’habitude (vous savez comment ça se passe, maintenant…), on noie au maximum tout ce qui a brûlé, même si ça n’a plus l’air de trop cramer.
Enfin, un Manitou (un petit engin de chantier capable de soulever des trucs très très lourds) et venu soulever l’arrière de la béto pour que…
…les pompiers puissent arroser par en-dessous la moindre pièce qui aurait encore menacé de fumer.
Le pneu qui n’a pas brûlé est au Manitou, bien sûr.
Ensuite, la route étant complètement bloquée par l’épave, il a fallut tracter comme ils pouvaient les restes de la bétonnière pour les pousser sur le bord. Le Manitou a fait ça comme un grand, merci à son chauffeur…
…même s’il a un peu creusé la route ici ou là !
Enfin, ça a permis de dégager la place à un camion-grue qui a pu venir prendre l’épave par devant.
(C’est le moment où j’aurais dû régler la balance des blancs sur «ombragé» au lieu de la laisser sur «lumière solaire». T.T)
Le camion n’étant pas assez costaud pour prendre la béto tout seul (eh, ça frôle les dix tonnes, cet engin), ils s’y sont mis à deux…
Le gros devant, le petit derrière — il aura décidément bien bossé, lui –, ils ont pu soulever l’épave pour la déplacer sans rayer le parquet.
Y’a quand même des moments où c’était juste. (Ou «vous voyez qu’ils n’étaient pas trop de deux !»)
Et, enfin, il a été possible de poser le truc sur le bord et de dégager la route comme il fallait.
Merci aux employés du BTP, pompiers volontaires et autres, qui n’ont pas ménagé leurs efforts pour sauvegarder nos arbres, puis dégager la route de leur épave.
Merci aux pompiers de Luc, qui sont arrivés plutôt vite (y’a quand même vingt bornes depuis leur caserne, et pas droites, les bornes) et ont rapidement réussi à éteindre les hectolitres d’hydrocarbures en feu.
Maintenant, je vous entends d’ici, vous, les mauvais esprits : «Mais enfin, d’habitude, un message dans la rubrique «Envoyé spécial» est posté le jour même, qu’est-ce qu’il fout, le Hérisson ?»
La réponse est simple :
Il y avait une ligne téléphonique cinq mètres au-dessus du brasier. Elle n’a été rétablie qu’il y a moins d’une heure, après des appels énervés et répétés du maire et de ses adjoints — alors que l’équipement, dont il est de bon ton de se moquer, a fait les réparations demandées par les tranchées sur la route le 31 au matin.
Donc, merci la DDE, pas merci France Telecom.