C’est beau, le sport !
|Retour en arrière : 1983, 15 octobre, Kyalami. Nelson Piquet, sur Brabham-BMW, franchit troisième la ligne d’arrivée du Grand Prix d’Afrique du Sud, marque quatre points et coiffe sur le poteau Alain Prost, pilote Renault, qui menait le championnat.
Dans la foulée, les doutes et les accusations se multiplient : BMW aurait utilisé un carburant non conforme, rendant plus performant son moteur. La FISA ne fait aucun contrôle. Gérard Larrousse, directeur sportif de Renault, refuse de porter plainte ; sa ligne de conduite se résume grosso modo à : “Je veux battre les autres sur la piste, je ne veux pas d’un titre obtenu devant les tribunaux et entaché de la tricherie des adversaires”. Goutte d’eau qui fera déborder le vase : la saison suivante, Prost part chez McLaren (où il sera de nouveau deuxième au championnat pour… un demi-point !).
Tout le monde sait que BMW a triché. Mais personne ne réclame. Et début 84, c’est tout sourire que Bernie Ecclestone, grand patron de l’écurie Brabham, s’excuse officiellement d’avoir utilisé un carburant présentant un taux d’octane de 102,9, supérieur d’un demi-point au taux maximal autorisé (même en appliquant la tolérance).
- 21 octobre, São Paulo. Kimi Räikkönen gagne le Grand Prix du Brésil. Alonso, troisième, et Hamilton, septième, échouent au championnat un seul point derrière lui.
Dans le même temps, on relève sur les Williams-Toyota et Sauber-BMW une température d’essence 10 °C inférieure à la température ambiante, pile à la limite du règlement (tout le monde refroidit son essence : ça la rend plus dense, ça permet d’en mettre plus en moins de temps). D’irrégularité, il n’y a a priori pas : les commissaires de la FIA ont pris la température, contrôlé le tout, et sont arrivés à la conclusion que l’ensemble est conforme.
McLaren, du coup, décide de porter réclamation et de demander le déclassement de la Williams et des deux Sauber arrivées devant Hamilton. Si le déclassement était prononcé, Hamilton serait quatrième et champion du monde pour deux points…
Oui, je sais, autres temps, autres mœurs. Il fut un temps où, face à une tricherie avérée, on faisait le dos rond et on tentait de battre sportivement le tricheur, en étant deux fois meilleur en quelque sorte. Aujourd’hui, le moindre soupçon d’irrégularité, aussi fantaisiste soit-il, est transformé en action légale.
Décidément, il n’y aura que sur la piste que cette saison aura laissé un goût pas trop amer.