Paris, semaine combien déjà ? Ah oui, 7
|Bon, une semaine surchargée de travail : j’ai repris lundi et, comme d’habitude, je suis en week-end mercredi et jeudi. Beaucoup de cinoche pour voir ce que j’avais raté en vacances.
Outre Wanted et Bons baisers de Bruges, dont j’ai déjà parlé ici même, je me suis fait Un monde à nous. Un thriller français, basé sur la relation entre un père paranoïaque et son fils. Le premier est convaincu que des types louches en ont après eux, et éduque et entraîne le second dans l’optique des inévitables fuites qui viendront. Édouard Baer démontre ici que pour être un bon comique, il faut être un bon tragédien : il est plutôt solide dans son rôle, sans atteindre les sommets inoubliables d’un Michel Colucci dans Ciao Pantin, et même un léger ton en-dessous de Jean Dujardin dans Le convoyeur, mais tout de même fort convaincant. Le film est in fine assez solide, avec des seconds rôles adolescents excellentissimes et des dialogues réussis, mais souffre de quelques longueurs.
Inévitable en cette saison, Prince Caspian, deuxième tome cinématrographique (correspondant au quatrième livre) des Chroniques de Narnia. Oubliez totalement le bouquin : le scénario, notamment la chronologie des faits, est totalement bouleversé. Cependant, cela ne nuit pas à la cohérence interne au film, qui se laisse regarder sans déplaisir. Notons tout de même ce détail révélateur de l’asexualité totale des personnages de Clive Lewis : même dans une adaptation des studios Disney, pourtant pas réputés pour leurs pornos, le scénariste s’est senti obligé d’ajouter un bout de romance avec un baiser au bout. Pour le reste, Prince Caspian remplit le contrat, mais évite soigneusement d’aller plus loin.
Voyage au centre de la terre est, en fait, plus un hommage qu’une adaptation du bouquin de Verne. Je dis bien “bouquin”, et non “ouvrage” ou “chef-d’œuvre”, car c’est le seul Jules Verne que j’ai ouvert sans jamais arriver à le finir. Ce film suit un géologue givré et un peu naze qui, flanqué de son neveu, part sur les traces des personnages verniens pour retrouver son frère disparu sous terre. Hélas, ce film pour enfants un peu niais mais potable souffre d’une faiblesse de taille : le personnage principal est interprété par Brendan Fraser. Un petit tour sur sa filmographie ne m’a pas permis de trouver un film où je l’aie apprécié ; tout au plus a‑t-il eu le bon de ne me laisser aucun souvenir dans Collision. Surjouant systématiquement toutes ses répliques, il transforme un honnête téléfilm pour enfants, correctement rythmé et par ailleurs bien interprété, en succession de grimaces forcées. Tant pis.
L’incroyable Hulk souffre un peu du même problème. Sauf que là, c’est Liv Tyler qui sous-joue : belle et éthérée, elle est globalement inexpressive et conséquemment plus adaptée pour jouer une elfe qu’une humaine. Ceci étant, j’aurais applaudi des deux mains une prestation de ce niveau dans le film précédent… Le problème, c’est que Liv est ici confrontée à Edward. Norton, bande d’ignares. Lequel est parfait pour incarner Bruce Banner, le seul super-héros américain dont le but dans la vie est d’abandonner ses super-pouvoirs : c’est un rôle pas si éloigné, au fond, du complexé narrateur de Fight Club. Et, comme d’habitude ai-je envie de dire, Edward excelle. De bout en bout. Zéro fausse note. L’exacte antithèse d’un Brendan Fraser ou d’une Emma Watson. Sobre, rongé, torturé. Ah oui, à côté de ça, il y a un scénario qui tient sur un timbre-poste et une réalisation qui tend à faire trop de spectacle pour bien montrer qu’elle maîtrise ses effets spéciaux. (En clair : c’est bon, on a compris que le vert et le marron se battent en démolissant tout, pas la peine d’en mettre vingt minutes.)
Enfin, le succès annoncé de l’été : Kung-fu panda. Alors là, comment dire… Les films dont la promo commence six mois avant leur sortie… Les films d’animation sur lesquels on met en plus gros les noms des comédiens qui ont doublé que ceux des animateurs… Bon, voilà, soyons clair : on s’attend à une grosse daubasse bien naze. On est d’autant plus surpris de voir un film qui tourne bien, qui ne brille pas toujours par l’originalité bien entendu, mais dont gags et scènes d’actions fonctionnent. Tout le monde ne rit pas aux mêmes choses (globalement, j’étais assez synchrone avec ma voisine d’une dizaine d’années, mais un garçon du même âge au rang derrière explosait à des trucs qui nous laissaient relativement froids), mais tout le monde s’esclaffe à un moment ou à un autre. Rien de renversant pour l’Histoire de l’humanité, mais une bonne façon d’occuper une heure et demie en passant un bon moment.
Bon, sinon, j’ai retrouvé ma vie de touriste parisien. Visité le truc qui dépasse, là, au nord, ah oui, Montmartre. Certains parisiens appellent ça une montagne, mais perso, j’ai du mal à trouver un autre mot que “colline”. Et encore. Butte, en fait, c’est pas mal. Le gros morceau pour monter en haut de ce secteur, c’est pas du tout les escaliers de la butte si durs aux miséreux ; non, c’est les colimaçons claustrophobiques du Sacré-cœur. Ça, oui, c’est impressionnant. Pendant des années, on monte en tournant quasiment sur soi-même, entre deux murs distants de vingt centimètres, avec un plafond à un mètre vingt du sol. Puis on circule tranquillement sur les toits, et en s’en remet pour quelques mois de colimaçons pour nains. Arrivé en haut, on se dit que si Dieu existait, on pourrait descendre en parapente plutôt que de replonger dans les escaliers de la Moria, mais on peut pas.
Pour sortir du belvédère, on est par ailleurs obligé de passer dans la crypte. Là, c’est pas la même ambiance : en haut, c’est gamins qui courent en regardant l’incendie (y’avait un truc genre commerce qui brûle, dans le nord du dixième à vue de nez) et en disant gaiement dans toutes les langues qu’ils voient la tour Eiffel ; en bas, c’est silence de mort et ambiance d’église en pire. Avec des tonnes de dévotion dégoulinante en prime. Très honnêtement, j’avais pas retrouvé cette impression depuis la basilique de Lourdes, il y a deux ans. Je sais pas, une espèce de côté glauque, souffert, qui me paraît en tout cas totalement incompatible avec un dieu d’amour ; là, on est clairement bien plus près de l’enfer que du paradis, avec des prières qui suintent des murs et bien plus de pitié et de misère qu’autre chose.
Je crois qu’en fait, devant la foule amassée et leurs petites chouigneries, Dieu a deserté l’endroit.
Côté boulot, faut que je remettre la main sur le papier qui accompagnait ma carte Vitale… Marrant ça, j’ai aucune idée d’où il peut bien être : je l’ai pas vu depuis des années. Sinon, confirmation qu’on a bien eu un temps pourri sur Dijon comme dans la Loire : je suis le moins bronzé des juillettistes de la boîte. Notre relectrice préférée ne s’est pas privée de me le faire savoir. M’en fous, je me suis vengé en disant que l’appareil photo de son iPhone 3G qu’elle a testé avec excitation est tout pourrave.
Tout à l’heure, avec Ghusse, sa copine et ses potes, j’ai découvert une salle d’escalade à Villejuif, surtout dédiée au bloc (contrairement à pas mal d’autres qui font plutôt du vrai mur avec assurage obligatoire et tout). J’avais oublié comme ça fait mal aux doigts, le bloc. Pis j’avais oublié comme c’était chaud de stocker cinquante personnes en pleine activité sportive dans un entrepôt. Douche bien froide en rentrant, depuis ça va mieux. Par contre, les sensations sont pas mauvaises, ça fait toujours plaisir.