Charonne, semaine 1
|Oui, changement de titre. Parce que quand on habite là :
on a un peu de mal à se dire qu’on est à Paris.
Ceux qui suivent l’auront compris : la grosse actualité, c’est le déménagement. Fini vendredi, reste maintenant à aménager — ça manque encore un peu de rangements, même si je viens de finir de monter ma première bibliothèque Pas-Ikea-Mais-Tout-Comme.
Professionnellement, j’ai la chance d’avoir un chef de rubrique qui pense à moi : il me trouve des occupations même pour le week-end. Mercredi matin, c’était conférence de presse chez Nikon, qui avait invité un public étonnamment large, et en a donc profité pour se présenter en long, en large et en travers. Deux heures de bilans financiers plus tard, on a enfin pu prendre en mains les dernières nouveautés. J’ai donc fait ma toute première vidéo avec un reflex, avec à la clef un soulagement inattendu : ça marche, ça marche pas mal, et il est vraiment possible de faire une mise au point manuelle sur l’écran, qui est très bien défini.
Hier, donc toujours pendant mon week-end, le grand m’a envoyé chez Olympus, qui présentait ses compacts et son bridge sur une péniche. C’était l’exact contraire de Nikon : on a commencé par tripoter les appareils pendant une bonne demi-heure, puis la conférence proprement dite s’est conclue en… 15 minutes chrono. Le temps de présenter leur dernière star, qui a une fonction assez inédite : c’est un appareil qui se pilote comme un dragon. (Pour piloter un dragon, c’est simple : on tape du côté où on veut pas aller. Merci Arleston.) Donc, en mode prise de vues, on peut activer le flash ou la compensation des contre-jours, et en mode lecture, on navigue dans les images en foutant des baffes à l’appareil.
Un peu déroutant à première vue, on y prend vite goût, et ça défoule bien. ^_^ L’intérêt est assez simple : avec l’accroissement des écrans, les boutons sont rejetés dans l’angle et miniaturisés au point d’être inutilisables avec des gants. Dommage pour un appareil dont un argument de vente est de résister à ‑10 °C…
Mais même avec des gants de ski (Olympus avait prévu des animations comme de récupérer un appareil dans la glace ou au fond d’un aquarium), il est possible de lui mettre des baffes. Et ça ne fait pas peur à l’appareil : prévu pour résister à des chutes d’un mètre cinquante, il s’est avéré beaucoup plus résistant lorsque l’on nous a proposé d’en jeter un sur un type habillé en joueur de football américain qui devait l’attraper. Ce malheureux exemplaire s’est pris des gadins monstrueux, s’est mangé le mur jeté à pleine force par des journalistes, et fonctionnait encore en fin de soirée. Renseignement pris, il ne devrait cependant pas être mis en vente. ^_^
Pour le reste, l’ambiance était très bien, détendue, amicale, la nourriture était excellente et ça bavardait joyeusement dans tous les coins, et le tenancier de la péniche m’a expliqué que c’était une assez bonne surprise pour lui : c’était la première fois qu’il hébergeait une conférence de fabriquant d’appareils photo, et apparemment ça ne s’était pas du tout fini de la même manière lorsqu’il avait reçu une conférence de présentation de bière au cactus…
Rien à voir, mais faut en parler : l’inévitable rubrique cinoche passera sous silence The clone wars, déjà démoli par ailleurs. Elle se contentera donc de Inju, de Barbet Schroeder. Un excellent thriller, bien construit, superbement mené, magnifiquement photographié, qui hélas se contente d’être un excellent thriller. Magimel y excelle, et on adore voir son personnage se faire manipuler de bout en bout, tandis que Lika Minamoto est à la fois sublime et convaincante. Tout est là pour passer un excellent moment, pas tout à fait au niveau d’un The usual suspects, mais demeurant un passage indispensable à tout amateur de frissons angoissants.
Sinon, cette semaine s’est également terminé le défi à la con de Ghusse. Si si, souvenez-vous, je vous en ai déjà parlé ici même. J’en garde un sentiment assez mitigé : d’un côté, j’ai tenu jusqu’au bout et bien pondu une photo par jour pendant un mois, ce qui était le sujet du défi. De l’autre, je n’ai pas atteint tous mes objectifs, avec deux échecs partiels :
- six de mes trente-et-une photos sont “hors sujet” : j’espérais faire une série complète, mais il m’est arrivé bien trop souvent de ne pas trouver le temps ou l’énergie de mener le principe de cette série à son terme. Trop ambitieux ? Peut-être. Mais je repense au docteur de Saint Quentin expliquant à Hoel que “en créant une loi plus dure que celle des geôliers, ces malheureux s’imaginent être libres” (cité de mémoire, mes excuses à François Bourgeon) : je ne suis pas le seul à avoir rajouté des contraintes à celle posée par Ghusse, ni sans doute à avoir eu du mal à les respecter à 100 % ;
- plus généralement, le niveau de qualité atteint dans mon cas est assez décevant. On reconnaît bien les photos prises avec une journée à tuer, une idée précise et une mise en œuvre complète (ici, ici ou ici par exemple) et celles prises en fin de journée, en vitesse, parce qu’il fallait la faire (celle-ci en est une terrible illustration).
Cependant, d’autres ont mieux composé avec leurs propres idées et sont arrivés à un niveau de qualité beaucoup plus constant. Félicitations à eux.