Charonne, semaine 10
|Tiens, y’avait rien qui sortait cette semaine. Du coup, pas mis les pieds au cinoche depuis mardi, où j’ai profité de la fériéitude pour me faire (enfin) Mensonges d’état, excellent polar d’espionnage de Maître Ridley Scott. Photo soignée, scénario suffisamment fouillé pour être crédible, Léonard aux Capres excellent de bout en bout, et un film qui pousse au-delà de ce qu’on en attend : c’est bien sûr un film d’action et de politique-fiction — quoique “fiction”… –, mais ça parle autant d’amitié, d’honnêteté, de confiance, et surtout de choc des cultures. Ça m’a énormément rappelé un documentaire que j’avais vu il y a quelques années sur les milieux d’affaires, où un Arabe expliquait pourquoi il venait d’envoyer bouler un Américain qui voulait signer un contrat avec lui ; en gros, c’était “il est arrivé, il a à peine dit ‘bonjour’, il s’est assis comme chez lui et n’a parlé que d’argent. Je travaille pas avec des malpolis.”
Bref, Ridley nous fait réfléchir sur l’importance de connaître des cultures différentes au lieu d’essayer d’imposer nos méthodes, virage qui sera sans doute indispensable si on veut un jour cesser de créer du terrorisme — sans même parler de lutter contre : être des envahisseurs grossiers et arrogants, c’est le meilleur moyen d’encourager les gens à vous plomber. Et aussi, au passage, l’importance de ne pas donner une parole au hasard — parce que comme disait l’autre, on peut tromper mille personnes une fois mais…
Professionnellement, la semaine a bien sûr été marquée par la publication du test du G1, le fameux hybride, un bridge à objectifs interchangeables qui joue au faux reflex. Pour ceux qui se demandent pourquoi il a atterri dans les reflex, sachez qu’après avoir bouclé l’article lundi soir, on a eu la malheureuse idée de laisser le rédac-chef s’occuper de la mise en ligne, en lui écrivant juste “après moult débats, on a décidé de le mettre dans les compacts”. C’est le même rédac-chef qui a il y a quelques semaines mis en ligne un test qui n’était pas terminé sans attendre son auteur, bref, c’est le fils naturel de Lucky Luke — il publie plus vite que son ombre — et de Gaston Lagaffe. Moi, ça me fait plutôt marrer, mais j’en connais une qui voulait l’étriper à la petite cuiller il y a quelques semaines.
Jeudi, c’était également l’ouverture du Salon de la photo. J’avais logiquement prévu d’y assister à la conférence de présentation du E‑30, et puis de vaquer à mes occupations dans l’après-midi. Mais voilà, après avoir déjeûné avec des gens de Pentax (en payant notre sandwich, bande de mauvaises langues), discuté avec les connaissances diverses, cherché quelques nouveautés (y’aura une loupe absolument géniale dans Bibble 5 qu’on avait pas vue la fois précédente), etc., on a fini pile à l’heure de sauter dans le tram pour rentrer se coucher.
Hier, j’ai pris un peu d’avance dans l’après-midi pour pouvoir retourner ce matin au Salon pour la conférence sur les dangers d’Internet pour les photographes amateurs. Globalement assez déçu, notamment par la première partie du truc, essentiellement orientée pour dire “Flickr c’est le mal”, et les vraies sujets sont plutôt venus après, pendant les questions publiques. Et comme tout avait commencé avec vingt minutes de retard et que les Denis-Huot attendaient pour la conférence suivante, ç’a été réduit au strict minimum…
L’événement marquant de la matinée, finalement, ç’aura été que, arrivé avec près d’une heure d’avance (Vélib jusqu’à Nation -> 10 minutes économisées, métro par la circulaire sud au lieu de la ligne 1 -> un quart d’heure, ajoutez ma demi-heure pathologique…), j’ai voulu aller en salle de presse pour voir si y’avait du neuf sur Internet et si éventuellement j’avais le temps de taper une ou deux choses. Tout le monde me laisse rentrer sans problème en montrant mon badge à droite, à gauche, et je commence à m’installer.
C’est à ce moment-là que Michèle Alliot-Marie, ou son double diabolique, m’a foutu dehors presque manu militari parce que c’était pas encore ouvert, que la presse ça commence comme les visiteurs à dix heures et que vous avez rien à faire ici. J’aurais tendance à penser que dans ce cas, il suffit assez simplement de filtrer les badges à l’entrée, hein, ça me paraît pas insurmontable surtout qu’il y avait des vigiles qui ont regardé le mien. En tout cas, je suis d’autant plus interloqué qu’à Cologne, un badge presse permettait d’accéder aux salles de presse presque à toute heure du jour ou de la nuit — la Kina était ouverte au public de 10 h à 19 h, comme le Salon, mais il nous est arrivé de nous pointer à 9 h pour publier le matin les vidéos montées dans la nuit et de pas partir avant 20 h 15 –, et que la possibilité d’accéder aux salles de presse avec un peu de battement me paraît indispensable pour bosser dans de bonnes conditions.
Dans l’après-midi, j’ai refait un tour de salon pour chercher les trucs intéressants. Croisé Monsieur Canon, qui m’a dit avoir eu du mal à avaler que j’aie dit que le K‑m avait une finition supérieure au 1000D, du coup j’ai refait une comparaison, non en me basant sur ma mémoire mais en les prenant en mains chacun sur son stand en deux minutes. Bilan : je comprends qu’il l’ait en travers de la gorge, parce qu’il y a par exemple un bout de caoutchouc en plus chez Canon qu’il n’y a pas chez Pentax. Mais en même temps, y’a pas, je préfère la construction du Pentax, avec une poignée plus creusée et une cale sous le pouce mieux profilée.
Joué un moment avec le Fuji stéréoscopique aussi, c’est assez zarbi comme truc mais pas inintéressant. Mérite qu’on s’y intéresse.
Sinon, ben beaucoup, beaucoup de monde. Tous les exposants le disent, d’ailleurs. Finalement, c’était donc peut-être pas une mauvaise idée de passer à un rythme annuel, j’avais tort, tout ça.