Charonne, semaine 18
|Toujours pas fini de résorber le retard cinématographique pris pendant mon séjour sudiste. Faut dire que je suis pas aidé : comme d’hab, sans soleil ni relief, je suis incapable de m’orienter. Hier, je voulais aller au cinoche, j’ai sauté sur un Vélib, je me suis retrouvé dans un sens unique et trois carrefours après je savais plus où était l’ouest. Je considère de plus en plus sérieusement l’achat d’une boussole, accessoire dont j’ai jamais eu besoin en 27 ans de vie à la montagne ou dans une ville entourée de montagnes.
Du coup, je me suis retrouvé au musée des Arts et Métiers, où j’ai visite une exposition sur les expéditions polaires françaises. Déception : même pas mention du Breguet 941S, avion de transport à décollage et atterrissage courts pensé pour succéder au Noratlas, que je connais bien pour en avoir côtoyé un (l’un des trois exemplaires construits a fini sa vie au parc Aero-City, à côté d’Aubenas, où il pourrit tranquillement depuis la faillite d’icelui, bordel de Dieu pourquoi et comment un avion d’une telle valeur historique a‑t-il fini là-bas ?) et qui fut utilisé dans les années 70 aux EPF.
Satisfaction, en revanche : j’ai appris des choses. Je sais plus quoi là, comme ça, à froid, mais nul doute que ça ressortira au fil des conversations. L’exposition est donc intéressante, mêlant plutôt aisément les expéditions polaires et leurs résultats sur le plan écologique — qui a dit que quand la Terre se réchauffe, les glaces fondent ? Ben oui…
Petit défaut en revanche, une mise en scène étudiée, peut-être un peu trop, avec des jeux de lumière qui imposent… des salles essentiellement noires. Du coup, certains panneaux sont peu lisibles parce que les éclairer aurait pourri la scénographie.
Après ça, je suis tout de même allé au cinoche (à partir des Arts et métiers, où je suis arrivé sans trop savoir comment, je me repère assez facilement : c’est le tracé de la ligne 11, qui finit à Châtelet). Morse est une bizarrerie suédoise — oui, les Suédois sont forts en films bizarres –, curieusement classé en épouvante-horreur un peu partout, mais dont le résumé sur Allociné laissait plutôt imaginer un truc vaguement loufoque et potentiellement amusant. En fait, il y a des passages amusants, et même une séquence vraiment gaguesque à la fin, du bizarre, et vraiment rien d’horrible là-dedans ; le problème, c’est que quand un cinéaste a de quoi faire un bon moyen-métrage, il devrait se contenter de ça plutôt que de tirer à la ligne sur près de deux heures. Je suis convaincu qu’en une heure dix, on pouvait torcher un truc rythmé vraiment sympa, plutôt que cette morne approche aux plans trop longs.
Ce midi, rebelote avec Valkyrie, de Bryan Singer, auteur d’une histoire de suspects ordinaires qui est une référence du polar et qui nous a pondu un duo de films de super-héros à peu près regardables — largement plus que L’incroyable Hulk par exemple. L’histoire, on la connaît : des pontes de l’état allemand complotent pour se débarrasser de Hitler et négocier une paix avec les Alliés, histoire d’éviter que l’Europe soit mise à feu et à sang. Le complot a échoué, l’épuration a été sévère dans les rangs des dissidents et les Alliés ont dû raser une bonne partie du continent pour venir à bout de la politique nazie, fin de l’histoire.
Partant de là, Singer s’attache à nous brosser un portrait très américain de Stauffenberg — enfin, il était peut-être vraiment comme ça, je l’ai pas connu personnellement — : patriote, réaliste, père et mari aimant, héros de la nation, tout ça… Mais le film en lui-même n’a rien de particulier, on ne s’attache pas plus que ça au héros (bravo à Tom Cruise, aussi passif qu’à l’accoutumée), et au final ça se regarde sans déplaisir mais ça tombe un peu à plat.
Enfin, tout à l’heure, Push, de Paul McGuigan. C’est présenté comme un film de super-héros à la X‑men, mais finalement, le centre du film n’est pas tant les pouvoirs des mutants que ce qu’ils entraînent — en particulier avec certains d’entre eux qui sont capables d’implanter de faux souvenirs dans les autres humains. Du coup, c’est un film à clefs bien plus qu’un truc de super-héros, et j’ai pas pu m’empêcher de faire un rapprochement avec… The usual suspects ! Ben ouais, Singer, on en sort pas ! La réalisation est très efficace, les acteurs font leur boulot honorablement, le scénario est parfois un peu abracadabrant mais laisse une place à quelques gags bienvenus, bref, l’ensemble se digère agréablement. Sans doute ce que j’ai vu de mieux cette semaine.
Ah, sinon, j’ai fini la saison 2 de Dexter et la saison 1 de Burn notice, How I met your mother recommance à sortir mais seulement au compte-gouttes, bref, j’ai rien à voir ce soir. Du coup, ce billet est à l’heure.