Charonne, semaine 26
|Semaine marquée par la déception : le remplaçant de la star des compacts 2008 est très nettement inférieur au précédent, avec des performances qui nous ramènent deux ans en arrière. Amusant : c’est le troisième qu’on épingle à ce jeu cette année, et on en a deux autres dans les tuyaux qui confirment la tendance… Plus de détails en début de semaine prochaine, où je serai en vacances chez les parents mais où les collègues s’occuperont de publier une petite réflexion sur l’évolution récente des capteurs.
Notons au passage que cette réflexion est partie, outre le test de trois appareils de trois constructeurs différents affligés de défauts dont leurq prédécesseurs étaient exempts, d’une discussion avec un confrère qui disait en substance : y’a un CCD dans la nature qui n’est vraiment pas une réussite, et qui impose un traitement du bruit extrêmement agressif pour donner des trucs pas absolument hideux. Nos observations le confirment : a priori, tous les appareils épinglés partagent un seul capteur…
Sinon, côté cinoche, la semaine a été partagée. Tout d’abord, Wendy et Lucy, de Kelly Reichardt. Une espèce d’OVNI, dans lequel Michelle Williams confirme son extraordinaire capacité à rendre vrais des personnages ordinaires — après l’angelot de Terre d’abondance et la femme d’un sheep-boy de Brokeback Mountain, elle fournit une nouvelle prestation extraordinaire de naturel et de simplicité –, portée par une réalisation sans connerie prétentieuse mais au contraire blindée de réalité brute. Pas besoin d’un éclairage compliqué, pas besoin d’effets spectaculaires, si on sait filmer…
Au-delà, on peut voir ici le pendant de Terre d’abondance (“la pauvreté en Amérique, c’est la dernière chose dont on parle en Jordanie… — La pauvreté en Amérique, c’est la dernière chose dont on parle à la Maison Blanche !”), qui suit cette fois non le témoin, mais le sujet — une Américaine paumée, fauchée, qui rêve de trouver du travail en Alaska, où la main-d’œuvre manque, mais se retrouve coincée dans un trou hostile de l’Oregon… C’est aussi la version féminine du petit homme qui ne pouvait manger qu’une One meat ball (écoutez Calvin Russell, bande d’ignares), bref, c’est un film humaniste qui laisse un sentiment étrange, mais vraiment réussi.
Ah, faudra quand même aimer le contemplatif. Ici, j’ai vraiment accroché de bout en bout, mais je pense que les amateurs de Fast and furious risquent d’avoir un peu de mal à supporter certains plans-séquences.
Et donc, le lendemain, histoire d’équilibrer un peu et de pas risquer un claquage des neurones de l’émotion, je me suis risqué dans Safari, d’Olivier Baroux. Euh, comment dire… Y’a des films de voyage organisé réussis. J’y classe le Restons groupés de Jean-Paul Salomé, qui valait essentiellement par le duo le Bihan-de Caunes mais tournait vraiment pas mal. Et il y a des versions ratées, dont les gags tombent régulièrement à plat, qui ne font marrer qu’occasionnellement et oublient totalement qu’une comédie repose souvent sur une certaine mesure dans les coups de théâtre ou les thèmes de départ. En gros : on peut délirer, on peut mettre plein de conneries très très connes, mais faut pas sauter sur chaque occasion de placer une connerie débile. Et là, c’est trop. Le postulat de départ fait passer celui d’Un ticket pour l’espace pour un chef-d’œuvre de philosophie réaliste, et la suite enchaîne rebondissement foireux sur rebondissement foireux — les seuls qui avaient une chance de marcher étant hélas inclus dans la bande-annonce…
Sinon, l’actualité est riche en tremblements de terre italiens, avec des vrais morceaux de pape dedans (et un vrai Berlusconi entier, qui n’a pas ménagé sa peine pour remonter le moral des sinistrés, non, vraiment, s’ils avaient un peu de sens de l’humour noir, ils seraient pliés en quatre plutôt que scandalisés…).
Alors, comme le gouvernement tient à ce qu’on clame ses dernières volontés au cas où (z’avez pas vu la campagne “c’est important de savoir pour l’autre”, sur le don d’organes ?), je précise :
- si on trouve dans mes nombreux kilos de viande quelque chose qui puisse être utile à quelqu’un, et que je ne sois plus moi-même en état de m’en servir, je tiens à ce qu’on recycle au maximum ;
- si je meurs dans une catastrophe collective, je tiens à ce qu’on interdise expressément à tout croyant quel qu’il soit de prier pour moi ou de faire de près ou de loin une allusion quelconque à une religion quelle qu’elle soit.
Qu’on autorise le gourou d’une secte (certes, l’une de celles qui ont le mieux réussi) de la religion judéo-chrétienne, autrement dit, l’empereur d’un monde bâti sur une hypothèse, à imposer cette hypothèse à tous les cadavres et survivants d’une catastrophe en priant pour le salut des âmes des victimes, c’est une atteinte intolérable à leur liberté de croire en autre chose, en rien du tout, voire de ne rien croire (si, si, ça existe). Si j’ai envie que mon âme n’existe pas, ou qu’elle aille se recycler dans un verre de terre, ou qu’elle vienne habiter un fayard au fin fond d’une forêt miyazakesque, c’est mon choix, et je serai sacrément énervé si elle se retrouve enfermée pour l’éternité aux côtés d’un barbu chiant parce qu’un apostolique romain a cru approprié de prier pour elle.
(Et pour ceux qui se poseraient la question, je n’ai aucune idée de l’endroit où ira mon âme, je ne sais même pas si elle existe, et je préfère m’occuper de ma vie que de ma mort.)