Ultimatum climatique
|concert de Tryo, Zazie, Lavilliers et Noah, 2009, ****
Bon, je sors juste du Zénith, ousque les gens sus-nommés avaient le bon goût de chanter pour rappeler aux gens que Andersen a vécu à Copenhague et que si on veut que Sarkozy lui arrive à la cheville quand il s’y pointera début décembre, il faut envoyer des coussins.
Donc, concert annoncé à 16 h, début de la présentation à… 16 h 02. Comme quoi, c’est possible d’être raisonnablement à l’heure, même à Paris ; je suggèrerais volontiers à mes confrères de s’en inspirer.
La présentation est assurée par Karl Zéro, animateur télé énervant de son état, converti pour l’occasion en vendeur de frites bons sentiments énervant. Passons, sa prestation a duré dix minutes au total et c’est pas ça qu’on était venu entendre.
Donc, quatre signatures étaient présentes : Tryo, groupe de reggae-folk français écolo, Zazie, rockeuse électronique inclassable et caractérielle, Bernard Lavilliers, boxeur bâti comme un docker et musicien du monde, et pour finir Yannick Noah, tennisman humoriste reconverti dans le reggae.
L’ordre était plutôt bien choisi. Enfin, si j’avais su, je me serais peut-être pointé à la bourre (meuh non, j’ai jamais dit que Tryo, c’était pas bien, c’est juste que trois quarts d’heure d’affilée, c’est beaucoup pour moi). Mais en fait, ça commençait cool avec un reggae molasson, avant le débarquement des poids lourds.
Zazie, j’avoue : j’aime bien. Je lui reconnais au moins l’immense qualité de ne jamais s’être laissé enfermer dans un style, ce qui fait que, fan de Made in love, je fais une allergie totale à Rodéo, mais qu’au moins j’ai pas une impression de répétition comme avec Tryo. Sur scène, c’est bien sympa comme les autres, un peu d’humour, une citation qui me restera (“Vous savez, y’a des endroits où on va et on a l’impression d’être récupérés, “Zazie est une chanteuse de gauche”, “Zazie est une chanteuse de droite”… Oui, c’est plus rare.”). Un peu plus posée et calmée qu’au temps de Made in live, pourtant.
Entracte de vingt minutes, puis Lavilliers nous explique que la musique est un cri, tout ça. Le vieux a encore une pêche et une présence impressionnantes. Du coup, son technicien du son se sent pas obligé de pousser la musique, et comme Nanard n’a pas peur de laisser une seconde de silence à la fin d’une phrase, ben on peut l’écouter sans bouchons d’oreilles sans pulvériser ses tympans et c’est quand même plus confortable. Oui, c’est un message aux autres : j’aime bien les concerts avec les bouchons, mais j’aime encore mieux sans. Sinon, lui aussi change un peu de style à chaque morceau, et c’est vraiment un sacré bonheur de le voir et de l’entendre.
Derrière, Noah a enchaîné quasi sans interlude. Un bon reggae-rock mâtiné de chanson française, et là encore un vrai show sur scène, déjanté, enthousiaste, sautillant et suant comme aux plus belles heures de Roland Garros.
In fine, je garde un super souvenir de Yannick, mais c’est quand même Nanard qui m’a le plus impressionné. Je suis pas le seul, d’ailleurs, y’avait un trio de nanas d’une vingtaine d’années juste devant moi, totalement hystériques à son arrivée, qui se sont royalement endormies à l’arrivée de Noah — au contraire des gamines de derrière, dont la benjamine d’une douzaine d’années a failli me flanquer une baffe en tendant les bras sur Aux arbres citoyens et se serait fait engueuler par sa sœur si celle-ci n’avait pas elle-même été occupée à hurler une sorte de larsen deux octaves au-dessus de tout le monde.
Et pis bon, dans la fosse, y’avait des gens qui souriaient, j’avais pas vu ça depuis mon éphémère retour dans la cambrousse en juin — bon, même pas vrai, y’a aussi une Lisboète qui m’a souri début juillet — et rien que pour ça, ça valait le coup d’y aller. Je note toutefois pour la prochaine fois que même si le règlement de la salle interdit les prises de vues, j’embarque au moins un gros compact, parce que j’étais à peu près le seul à photographier personne. O_o
En revanche, j’aimerais pas être à la place du régulateur de la ligne 5, qui a vu environ 5000 personnes se ruer sur la station Porte de Pantin après le final du concert. Sachant qu’une MF67 contient 400 personnes et qu’il y a déjà des passagers qui circulent ordinairement sur la 5 le dimanche à 20 h 30… Perso, j’ai tiré en Vélib’ jusqu’à la ligne 2 et je le regrette pas.