Fou rire
|C’était il y a… dix ans, à peu près ? Seuls les plus anciens membres des Aéroforums s’en souviennent, et encore était-ce avant la création de ceux-ci.
Discutant de certains historiens et de la prétention qui était la leur d’atteindre la perfection du moindre détail dans la recherche de la “vérité historique”, j’avais exprimé ma préférence pour ceux qui étaient capables de se détendre un peu et d’aller, non à l’approximatif, mais à l’essentiel, sans s’embarrasser de superflu, comme tout bon romancier. Ça avait donné une tirade sur les chieurs capables d’ergoter pendant des heures sur le nombre de boutons de l’uniforme du pilote du char qui avait écrasé la petite Juliette Durand à Dijon en 1945. Un certain Nicolas B., qui n’était alors qu’un blanchâtre étudiant en droit, passionné d’histoire et pourfendeur fou de négationnistes, trouva amusant d’en tirer un pseudo-rapport de la Wermacht long d’une dizaine de pages, dont s’ensuivit une forte amusante discussion surréaliste.
Par la suite, pendant quelques années, ce fut une private joke, comme disent les Français, entre habitués des Aéroforums et feus Histoforums, chacun la reprenant à sa sauce lors de délires mémorables ou pour railler un pinailleur plus extrême — phénomène désormais connu sous le nom de syndrome de la marmotte, d’après une publicité oubliée pour des tablettes de chocolat violettes, reprise et détournée au point d’entrer dans le langage courant comme exemple d’absurdité.
Aujourd’hui, en vue d’un voyage en Atlantide, j’ai reçu ma carte européenne d’assurance maladie, laquelle vient avec une petite plaquette expliquant où l’utiliser et comment (ça marche au Liechtenstein, mais pas à Monaco ou au Vatican, apparemment). Et sur cette plaquette, une illustration de carte :
Voilà, c’était juste pour dire que l’Assurance maladie vient de me filer un bon fou rire, ce qui n’arrive pas souvent — ou alors, c’est nerveux, comme quand ils m’ont dit “désolé, on peut pas s’occuper de vous, vous dépendez du régime spécial de la fonction publique” deux ans après mon éviction de l’Éducation nationale et plus d’un an après mon retour dans le privé…