Gare fermée
|Vous vous souvenez de ces billets de train que j’ai commandé il y a quelques jours ? Ben il s’est passé un truc marrant.
Voyages-SNCF, site officiel de l’entreprise de transports française, ne propose apparemment plus d’imprimer son billet (solution que j’ai de toute manière jamais aimée, surtout depuis que j’ai plus d’imprimante). Ne reste plus alors qu’à choisir l’envoi par la Poste (coûteux et impossible un jour à l’avance) ou le retrait en gare, au guichet ou aux bornes automatiques. C’est ce que je fais d’habitude : pour prendre mon train, la plupart du temps, je dois passer par une gare, et il suffit de trente secondes pour tirer un billet.
Là, arrivé à Luc-en-Diois, bingo : gare fermée, pas de guichet automatique. Autrement dit, impossible d’éditer mes billets, la SNCF ayant jugé que c’était pas un problème de ne laisser aucune solution pour acheter des titres de transport. On fait comme pour le bus : on monte dans le train, on achète son billet auprès du contrôleur pour le train en cours (il faut renouveler l’expérience en cas de correspondance, les contrôleurs ne pouvant pas éditer de billets avec changement).
Quand on se pointe avec les références d’achat d’un billet, ça provoque un temps de flottement chez le contrôleur. Une lueur de panique genre “putain, c’est quoi cette situation pas prévue dans le manuel ?” lui traverse les yeux, il délègue l’affaire à son collègue. Faut dire que ça pose un problème peu ordinaire : je ne suis pas en règle puisque je n’ai pas de billet papier, mais la faute incombe à la SNCF puisque j’ai acheté et payé mon transport bien à l’avance, suis arrivé à la gare suffisamment tôt pour le retirer, et aucune indication nulle part n’expliquait que la gare de Luc était fermée pendant le passage des trains et qu’il me serait donc impossible de l’éditer.
Pour que je sois en règle, il faudrait m’éditer un billet, mais alors je me retrouverais avec deux billets potentiels pour un même trajet, difficilement remboursables (le remboursement des billets des TER, quand on a essayé une fois, on n’y retourne plus sans un avocat et une arme de première catégorie), et en tout cas j’imagine que ça serait plaidable comme extorsion de fonds.
J’ai donc vu un contrôleur discuter avec sa hiérarchie pendant dix minutes au téléphone (avec ce que ça suppose de drôlerie, vu comme les portables passent bien dans le Diois) pour savoir quoi faire de moi. Finalement, ils ont dû vérifier de leur côté que j’avais bien acheté un billet aux références voulues et décider de laisser tomber, parce qu’ils m’ont bien laissé voyager jusqu’à Valence sans billet dûment composté.
“En tout cas, la gare de Luc est fermée, vous pouvez pas y retirer des billets, pensez‑y la prochaine fois”, m’a dit le bonhomme en horrible costume gris-bordeaux avant de me laisser poursuivre. Ben tiens. La prochaine fois, je rejoue exactement pareil, parce que c’est pas mon problème. C’est à la SNCF de s’assurer que son site ne propose pas de retrait dans des gares fermées, ou de s’assurer que l’on puisse effectivement retirer des billets — soit en laissant un guichet, soit en installant une borne automatique sur le quai des gares qu’elle ferme, soit même en donnant aux contrôleurs la possibilité d’éditer à bord les billets déjà achetés.
Tant que le site de la SNCF permettra d’acheter des billets à retirer dans des gares fermées sans prévenir qu’elles peuvent l’être, je continuerai à le faire : le seul moyen de lutter contre une administration kafkaïenne, c’est de lui mettre le nez dedans.