La connerie du jour
|Brice Hortefeux, très doué en conneries, sur Canal + il y a dix minutes :
Il faut encourager les Roms à rester chez eux.
Ah.
Euh…
C’est où, chez eux ?
Le problème, c’est que Hortefeux parle comme s’il existait un pays rom quelque part. Or, il n’en existe pas : qu’il soit nomade ou sédentaire, ce peuple est minoritaire, ventilé dans toute l’Europe et une partie de l’Asie, et méprisé dans toute l’Europe aussi comme tout groupe immigré. On trouverait même près d’un million de Roms au Brésil, selon Wikipédia.
“Chez eux”, dans le cas présent, ça n’existe pas. “Chez eux”, c’est l’endroit où ils sont installés, qu’ils soient installés définitivement ou temporairement, que le lieu en question soit sur le territoire français, roumain, espagnol ou grec. L’idée de cantonner une communauté “chez elle” nécessite l’existence d’un lieu que cette communauté puisse reconnaître comme sien : par exemple, on peut renvoyer un Bambara “chez lui” en l’envoyant dans une zone où les Bambaras sont nombreux et socialement organisés — sans doute vers le sud du Mali. On peut renvoyer un Québecois “chez lui” en l’expédiant dans les terres francophones du Canada. On peut renvoyer un Savoyard “chez lui” en le ramenant en Maurienne. Notez bien que j’approuve pas, je dis juste que c’est possible — dégueulasse, mais possible.
En revanche, souhaiter encourager à rester chez lui un membre d’un peuple qui ne représente nulle part une portion importante de la population, qui est partout négligé dans la politique locale et à qui l’ensemble de la planète fait sentir qu’il n’est pas chez lui, c’est juste de la grosse connerie démagogique.
Ou alors, Hortefeux fait partie des crétins qui confondent “Rom” (d’origine indienne il y a quelques siècles, rappelons-le) et “Roumain”. Mais je peux pas croire ça, vu qu’il a passé deux minutes à essayer d’expliquer que c’est pas la même chose (ceci dit, il continue à expulser des Roms en se basant sur des statistiques de délinquence de ressortissants roumains, donc j’admets qu’on puisse avoir un doute).