Déformation de naissance ?
|“Cette chose.”
Relisez lentement le truc ci-dessus, et demandez-vous comment vous le prononcez.
Selon toute probabilité, vous le prononcez à peu près comme ça : /sɛtˌʃoz/ (voire /sɛtʃɔz/ si vous êtes Parisien). Or, il se trouve que personnellement, je prononce couramment ça /støʃoˑz/ — on me l’a fait remarquer et je dois reconnaître que c’est vrai : plutôt que “cet’ chos’ ”, je dis “c’te chos’ ”
Je sais pas exactement d’où ça vient, mais je peux pas m’empêcher de faire le rapprochement avec la vieille tradition provençale consistant à rajouter des voyelles pour ne faire que des syllabes complètes. Concrètement, avé l’assent, on prononcerait à peu près : /ˌsɛtøˈʃoˑzø/, ce qui en parlant vite donne ma prononciation pour peu que l’amuïssement porte sur la première syllabe au lieu de la seconde. Logiquement, j’ai dû entendre ce genre de prononciation dans les temps éloignés où je vivais en Provence ou tout près — la région nyonsaise, également surnommée “Drôme provençale” par les touristes et ceux qui veulent leur soutirer leur argent, emploie déjà ce type d’accent.
Le truc marrant, c’est qu’après être né et avoir un peu vécu dans le Vaucluse, puis en région nyonsaise, j’ai quitté ces régions pour habiter entre Dieulefit et Crest¹, où l’accent est plus hybride et où l’on cesse d’ajouter des voyelles (il me semble, en tout cas). Et il semblerait que lors de ce déménagement, j’avais environ quinze mois…
¹ La vallée de la Drôme, entre Crest et Die, est la région en France où personnellement je n’entends pas d’accent. Mais y’a pas besoin d’aller loin pour que ça change : vingt bornes au nord-ouest, vers Chabeuil ou Romans, on trouve un ignoble accent traînant sur les nasales finales, et à vingt bornes au sud, passé Grignan, le provençal saute aux oreilles.