Infidélité ?
|À lire, la chronique du week-end de Lâm, où il explique les bienfaits de l’infidélité.
Je m’y retrouve assez, dans pas mal de domaines. Pas seulement parce que j’étais un étudiant sous Mandrake en 2002 et que je suis sous Ubuntu en 2010 — mais toujours pas père de famille.
L’infidélité s’étend en fait à plein de domaines. De Mandrake, je suis passé à SuSE, puis à Ubuntu. J’ai même eu une période presque OS X. J’ai testé Mint il y a une semaine, et à chaque nouveau Windows je l’installe pour voir si les limitations que je lui trouve ont sauté. Et j’ai piqué des trucs à Windows 7 : si je peux toujours pas supporter un OS où il faut bricoler pour avoir des bureaux virtuels et où une fenêtre remonte devant les autres dès que je clique dedans, j’ai a‑do-ré l’espèce de dock intégré au panneau, que j’ai pu retrouver grâce à DockBarX.
Mais ça vaut surtout dans d’autres domaines. J’ai laissé tomber Lost après la première saisons, j’ai décroché de Prison break pendant la deuxième. Et si je suis revenu à Lucky Luke avec les scenarii de Gerra, les derniers de Nordman et de Groot resteront hors de ma bibliothèque — qui a de toute façon assez à supporter sans eux. Quant à Luc Besson, avoir fait Nikita, Léon et Le cinquième élément n’est pas une raison pour me faire supporter Jeanne d’Arc.
Pis : ça vaut professionnellement. Franchement, j’ai été pion pendant quatre ans, j’avais accès aux concours internes de l’Éducation nationale, j’ai eu une licence de langues : la logique brute aurait voulu que je postulasse pour finir ma vie prof d’anglais. Deux ans plus tard, j’étais journaliste technique. Et demain ?
Demain, j’en sais rien. Je sais que le jour où cette vie me gavera, j’irai voir ailleurs, comme j’ai laissé tomber l’Éducation nationale quand elle n’a plus été le choix le plus bandant.
Savoir dire “stop”, c’est important. Pas seulement pour les geeks.
Il y a un autre truc important : ne pas accepter de prendre un truc inconvenant parce que la marque chez qui on était lors de l’achat précédent a raté une marche. On n’est pas non plus obligé de changer. Même si on est geek et un peu malade dans sa tête et qu’on veut toujours avoir le dernier truc. Je prends un exemple emblématique : Pentax.
J’ai toujours, actuellement, mon K10D. J’ai plus d’une fois eu envie de changer, de me payer un nouveau reflex, parce que bon, rafale limitée ^^, exposition pas si fiable, autofocus qui fait chier en basse lumière, tout ça. Et la sortie des K20D et du K‑7 d’une part, du D90 et de l’EOS 7D d’autre part, étaient de bonnes raisons de quitter Pentax. J’ai pourtant résisté.
Pourquoi ? Pas pour mon parc optique : le A 50 mm f/1,7 est correct, mais exigeant et je le sors rarement, le Sigma 17–70 fut bon mais a souffert de chocs, de poussières et de neige, bref, j’ai rien de particulièrement inoubliable de ce côté-là. J’ai résisté parce que je ne voulais pas revenir en arrière sur un domaine précis où Pentax a selon moi une vraie avance : l’interface. Si Nikon avait réussi à me rendre le D7000 aussi fluide à l’utilisation que le K‑5, je serais peut-être jaune à l’heure qu’il est ; mais si ne pas acheter la dernière nouveauté est un signal d’alerte pour sa marque habituelle, rester avec un vieux machin est aussi un signal à la concurrence : y’a un truc sur le K10D que vous n’avez pas trouvé.
Autre exemple : le téléphone. Mon vieux bousin noir et moche est presque totalement inutile dans ma situation actuelle, où il me faudrait plus un terminal Internet mobile qu’un téléphone. Garder un My101x au lieu de me ruer sur un Desire ou un N900 est là encore un signal : les gars, faut faire quelque chose. Mettre un clavier sur le premier, gérer le multipoint sur le second — dans les deux cas, des trucs tout cons mais qui manquent cruellement à mon cas particulier.
Bon, aujourd’hui, j’ai plus d’excuse : le K‑5 réunit les bons côtés des deux mondes (d’ailleurs, il a pris cinq étoiles malgré une vidéo de merde) et le Desire Z a un clavier. Va falloir que je casse la tirelire.
Pour conclure, y’a quand même un point que Lâm a passé sous silence : celui où la fidélité est également intéressante. Aucune marque n’est indéboulonnable, mais je crois qu’en matière de relations humaines il est bon de conserver quelques repères. Ne serait-ce que parce que seuls des amis qui vous connaissent de longue date ont une chance de remarquer une évolution, quel qu’en soit le sens, et de mettre le doigt sur une faiblesse potentielle avant qu’elle devienne gênante.
Pour caricaturer : on a vite fait de devenir un gros con, et si ce trajet s’accompagne de changements trop fréquents d’entourage, le phénomène risque de passer inaperçu : de gens qui vous ont connu charmant, vous passez à des gens qui vous ont connu bizarre, puis à des qui vous ont connu imbu, avant de finir chez ceux qui vous connaissent haïssable, sans qu’aucun n’ait eu l’occasion de dire “ouh là, tu pètes les plombs, arrête ça tout de suite”.
Je précise que ce n’est le cas d’aucun de mes amis de longue date, et que si c’est mon cas merci de m’écrire sans délai à ce sujet.