Record de crétinerie ?

Très bon can­di­dat au concours annuel de la pub la plus cré­tine : Moon race de Total.

Cré­tine pourquoi ?

  1. Les car­bu­rants de demain ? L’é­vo­lu­tion des choses en matière de moto­ri­sa­tion est claire : si, demain, car­bu­rant il y a, ce sera très pro­ba­ble­ment de l’hy­dro­gène. Mais plus pro­ba­ble­ment, il n’y aura plus de car­bu­rant : la pile à com­bus­tible cou­plée à un moteur élec­trique a un meilleur ren­de­ment éner­gé­tique. Quant aux hydro­car­bures, ils sont en voie de dis­pa­ri­tion et ce n’est pas demain mais ce soir que l’on s’en pas­se­ra de gré ou de force.
  2. Tes­ter nos pro­duits sur la Lune, pour un ven­deur de fioul ? Hum. N’ou­blions pas un détail : sur la Lune, il n’y a pas d’at­mo­sphère, donc pas de com­bu­rant. Si on y uti­lise des moteurs à com­bus­tion, il faut donc ajou­ter des réser­voirs d’oxy­gène, par exemple, aux véhi­cules. Ce qui les sort assez radi­ca­le­ment des condi­tions d’u­ti­li­sa­tion ter­restres, et donc anni­hile tota­le­ment l’u­ti­li­té de tels tests.
  3. Vous avez vu la gueule des véhi­cules ? Je rap­pelle pour les dis­traits : sur la Lune, il n’y a pas d’at­mo­sphère. Et un aile­ron, ça sert à quoi ? À faire de l’ap­pui aéro­dy­na­mique, bra­vo le type au fond. Et pour ça, il faut quoi ? Un fluide dans lequel faire évo­luer l’ai­le­ron, bra­vo la miss au pre­mier rang. Si on conçoit un véhi­cule de course lunaire, il aura la forme la plus pra­tique pour la visi­bi­li­té, la sécu­ri­té et le mar­ke­ting, et l’aé­ro­dy­na­mique d’une armoire nor­mande — ou d’un Rover lunaire, tiens.
  4. Der­rière la tête du pilote, vous voyez quoi ? Une prise d’air. Bien. Devi­nez quoi : sur la Lune, il n’y a pas d’at­mo­sphère. Donc, on reprend : der­rière la tête des pilotes, vous voyez quoi ? Une prise de vide, mer­ci le gnome du milieu. Et ça sert à quoi d’é­co­per du vide ? Euh… Joker.
  5. Ah tiens, un indice sur à quoi ça sert d’é­co­per du vide : le plon­geon dans l’é­cope (1:07). On arrive sur… des lumières de moteur à explo­sion, avec injec­tion indi­recte. Un seul injec­teur, qui envoie, ben… du car­bu­rant, si j’en juge par la flamme juste après ? Or, je vous le mets en gras colo­ré parce que je suis sûr que c’est la pre­mière fois qu’on vous dit ça : sur la Lune, il n’y a pas d’at­mo­sphère. Ben oui, c’est pas pra­tique, mais c’est comme ça. Donc, quoi qu’on injecte là-dedans, la prise d’air ne récu­père rien avec quoi le mélanger.

Alors, on me dira que ce sont appa­rem­ment les délires d’un gamin qui joue avec une maquette de For­mule 1 Jor­dan d’il y a quelques années. Certes, mais l’in­tro­duc­tion est claire : ça illustre le tra­vail des gens de chez Total. Soit ils ont l’in­ten­tion de ter­ra­for­mer la Lune (mais alors, pour­quoi les pilotes ont-ils des casques de cos­mo­nautes ?), soit ils ont inven­té un car­bu­rant qui est son propre com­bu­rant, ce qui inté­res­se­rait sans doute bou­gre­ment Lavoisier.

Autre hypo­thèse : les publi­cistes sont des cons qui prennent leurs clients pour des cré­tins. Mais tout le monde sait bien que l’in­tel­li­gence est le propre de l’homme, donc du publiciste.