Trente ans
|Découverte tout à l’heure dans la conversation : ah ouais, trente balais, je suis pas le seul que ça travaille, en fait.
Et pis boum, illumination : trente ans, c’est un cap, plus que les autres dizaines. En tout cas, minot, je me disais pas “quand j’aurai vingt ans, je ferai ça”, ni “quand j’aurai soixante ans, je ferai ça”.
Par contre, à trente ans…
“Quand j’aurai trente ans”, j’avais prévu de :
- vivre sur un bateau, ou alors à la montagne, pourquoi pas sur une île volcanique ;
- en tout cas, avoir un endroit à moi qui soit chez moi où je pourrais stocker tout mon bordel ;
- écrire des bouquins sur l’écosystème sous-marin, ou alors faire pilote de ligne ou de Tracker, ou romancier ;
- avoir une collection de vieilles voitures, ou un Cessna à flotteurs dans le cas de l’île volcanique ;
- avoir une femme et une fille.
Si je fais la check-list :
- j’habite à Paris ;
- je loue un studio de 13 m² que je peux vider en trois heures chrono ;
- je conseille aux gens d’acheter des appareils inutiles et jetables dont la fabrication et le retraitement foutent la planète en l’air ;
- j’ai un vieux fourgon, certes, que je vois deux fois par an ;
- je suis célibataire.
C’est pas les trente balais qui tapent, en fait, ni même l’état de ma vie actuelle.
En réalité, j’ai pas vraiment à me plaindre : j’ai un boulot intéressant (qu’on peut interpréter de manière plus positive que ci-dessus en se disant que j’ai quand même trouvé le moyen de vivre de ma plume et que j’aide les gens à pas foutre en l’air leur thune dans un appareil photo de merde qu’ils jetteront), j’ai une activité plus régulière qu’avant et d’ailleurs j’ai sorti quatre 6a+ en deux semaines donc chuis pas encore fichu quoiqu’en dise mon tendon, je bois plus ou moins régulièrement avec des gens…
C’est juste que ça renvoie au “quand j’aurai trente ans” qu’on se dit quand on en a dix. Et que replonger brutalement vingt ans en arrière, ça fait toujours gamberger.