15 ans après…
|Allez, un ch’tiot billet politique, y’avait longtemps.
C’est donc, semble-t-il, le quinzième anniversaire du décès de François Mitterrand, alias Tonton, Dieu ou le Vieux, seul membre du Parti socialiste à avoir obtenu la direction de l’État français.
Et on y va à coups de Jarnac, ville omniprésente dans les journaux, où tout ce que le parti socialiste compte de nostalgiques se rend sur sa tombe pour déposer qui une rose, qui une gerbe.
Cependant, il est une remarque inévitable : si j’en crois le journal de France 2 de ce midi, les Badinter, Rocard, Cresson et compagnie n’ont pas participé au dépôt de fleurs.
En revanche, on y a bien vu Aubry, Royal et leurs gardes rapprochées.
Je ne puis m’empêcher d’y voir un symbole fort du “socialisme” actuel.
L’ancienne garde, celle qui a accompagné le Vieux, celle qui a fait sauter Mazarine sur ses genoux et s’est fait baver dessus par Baltique, celle qui a toutes les raisons de se réunir sur une tombe pour se remémorer sa gloire passée, n’est pas là. J’ignore où ils sont, les abolitionnistes de peine de mort, les bâtisseurs de pyramide, les retraités à soixante ans ; ils ont disparu, vaquent à leurs occupations je suppose, mais ils ont mieux à faire que de s’agenouiller sur la pierre d’un mort. Logique : la force de Mitterrand, c’était justement d’avoir rompu les ponts vieillissants de la SFIO pour s’émanciper du passé et avancer vers un truc neuf — de même que, à la même époque, ce fut celle de Chirac, soit dit en passant.
Les nouveaux, les “jeunes”, les candidats 2012 déclarés ou supposés, eux, sont bien à Jarnac. Avec des trémolos dans la voix, ils nous louent l’héritage divin, le courage politique de l’ancêtre, la force tranquille, tout ça. Et admettent plus ou moins officiellement qu’ils ont bien l’intention de s’inscrire dans l’héritage — veulent-ils dire : de pousser l’arrivisme jusqu’à la présidence de la République, de sortir une paire de mesures-phares et de se débrouiller pour qu’on retienne ça plutôt que les tonnes de casseroles accrochées à leurs basques ? Ils se disputent une charogne, une paternité, veulent endosser un costume qui n’est pas le leur, alors même que la logique voudrait qu’ils tentent de construire leur vie plutôt que de ressasser celle de leurs parents.
Un parti dont les anciens s’émancipent du passé et dont les modernes se tournent vers le fantôme d’un homme mort depuis quinze ans, vous le sentez bien barré, vous ?
Je crois qu’il est temps de l’admettre : il n’y aura pas de socialiste à l’Élysée en 2012.