Les limites du calcul automatique
|En jouant avec Google Maps et ses recherches d’itinéraires, je découvre toujours des trucs marrants.
Le premier, c’est que c’est hallucinant, les efforts faits pour assurer une estimation précise du temps de parcours. Le relief est clairement pris en compte et il n’y a pas deux itinéraires sur lesquels la moyenne est la même.
Le deuxième, c’est qu’il y a quand même quelques, hum… bugs ? Imprécisions ? Aléas ?
Voyez plutôt les cols autour de chez mes parents (je prends des itinéraires que je connais à peu près par cœur, histoire de juger plus facilement leur validité, et toujours montée côté tordu et descente côté filant) :
- Col de Cabre, d’Aspres à Beaurières : 25 km, 23 min, soit 65 km/h de moyenne. Limitation à 90 km/h tout du long, en pratique route filante partout, deux voies larges, croisements faciles en toutes circonstances. 23 min ? Oui, estimation raisonnable pour un utilisateur habitué de routes de montagne.
- Col de Menée, des Oches à Châtillon : 29,9 km, 25 min, soit presque 72 km/h de moyenne. Pourtant, 1 km limité à 50 dans les Nonières et Menée, et en pratique montée tordue et étroite, où la visibilité aléatoire impose pas mal de ralentissements au cas où faudrait croiser. Perso, même sur bitume sec et en nocturne (donc avec les phares des voitures en face visibles de loin), j’ai toujours mis au moins une demi-heure. Et cette route, je l’ai faite toutes les deux semaines pendant cinq ans. Je pense que pour un utilisateur qui ne connaît pas chaque virage par cœur, il est prudent de compter 40 min. À noter : Via Michelin annonce 37 min sur le même trajet, ce qui est exceptionnel (les autres services ratent leur coup à peu près comme Google).
- Col de Pennes, de Recoubeau à Pennes-le-Sec : 12,8 km, 13 min, soit 59 km/h. Alors, le bon point, c’est que c’est effectivement la plus lente des trois. Le mauvais, c’est que c’est bien pire que ça : toute la montée est une route en corniche, où croiser est délicat pour deux voitures (en pratique, ça croise quasiment toujours, mais il faut le faire au pas ou choisir l’endroit¹). On la fait en seconde, sans même essayer d’entrer la troisième et en attendant patiemment d’arriver. Là aussi, Via Michelin est moins délirément optimiste : 18 min.
- Allez, un vicieux pour la route : col du Royet, de Montmaur à Rimon : 12,3 km et… 21 min, soit 35 km/h. Ouais, j’avoue, c’est un double piège. Google a bien évité le premier : cette route n’est pas bitumée, ce qui réduit un peu la moyenne. Mais il a plongé tête baissée dans le second en sur-corrigeant, comme s’il s’agissait de terre défoncée.
En pratique, c’est une très belle piste, dure, adhérente et généralement lisse, où n’importe quel Islandais va rouler à 80. La dernière section, en particulier, est aussi filante que n’importe quelle route, avec une excellente visibilité, sauf au passage du col : ces 5 km se font sans problème en cinq minutes. Google en compte 9, pasque bon, les conducteurs français sur la terre, faut pas compter plus de 35 de moyenne — il prévoit d’ailleurs exactement la même vitesse sur la première section, en épingles parfois un peu caillouteuses…
Bon, après, soyons clair : ce service marche plutôt très bien quand on ne le teste pas sur des cas limites comme ceux-ci. Personnellement, j’ai jamais eu à m’en plaindre.
Mais sur les parcours montagneux, Google comme les autres a du mal. D’après un petit test rapide, seul Via Michelin tire son épingle du jeu sur les cols bitumés… Mais c’est le pire candidat sur le dernier piège, puisqu’il fait faire le tour par Die et Vercheny, 57 minutes de goudron au programme.
Truc drôle, Google Navigation pour Android n’utilise pas le même algorithme que Google Maps : entre Montmaur et Rimon, il fait passer par le col de Pennes au lieu de celui du Royet. L’application Mappy fait pareil (mais ne gère pas les gestes à plusieurs doigts sur l’écran, ni même le mode paysage, la honte !), mais au moins elle fait comme le site correspondant.
¹ Les habitués sont d’ailleurs experts pour ajuster leur vitesse dès qu’ils vous voient pour vous croiser pile sur les dix mètres où la route s’élargit.