Introduction à la psychanalyse
|de Sigmund Freud, 1917, **
Disons-le d’entrée : le crétin sadique qui faisait cours de philo en terminale a essayé de me faire lire ce pavé. 450 pages, même écrites petit, y’a pas de quoi me faire peur, mais là, il m’aura donc fallu treize ans pour en voir le bout… Ou, plus honnêtement, un peu plus d’un an, puisque j’ai rouvert ce volume à l’automne 2009 avec cette fois l’envie ferme d’en voir le bout.
Le problème ? Il est simple : le style. Introduction à la psychanalyse n’a rien d’un roman, c’est entendu : ce n’est pas son but. Mais était-il pour autant nécessaire d’accumuler les pavés de plusieurs pages, les phrases interminables qu’il faut relire trois fois pour commencer à en saisir le sens ? Je présume, ceci dit, que le traducteur a ici une part de responsabilité, vu qu’il a poussé la fainéantise jusqu’à ne pas traduire un seul exemple de la partie sur les lapsus — ce qui, au passage, ne facilite pas la lecture à ceux dont les notions d’allemand se limitent à “eine bier, bitte”, d’autant que certains de ces exemples reposent sur des analogies grammaticales plus intelligibles à un Japonais qu’à un Français.
Or, il est fort dommage que l’Introduction à la psychanalyse soit aussi mal écrite et peu accessible. Car le fond est à mon humble avis à peu près indispensable à la culture de tout être humain : aucun animal doué de raison ne peut faire l’économie de réfléchir à la façon dont fonctionne son propre cerveau, aux petits conflits entre pulsion et morale, envie et frustration, volonté et introversion…
On pourrait imaginer qu’il suffise de reprendre les concepts présentés dans le bouquin pour les vulgariser. Mais de mon expérience, c’est plutôt compliqué : de nombreux passages ont en fait deux niveaux de compréhension. L’un, immédiat et théorique, peut être expliqué assez simplement mais sans effet notable, tandis que l’autre, intime et pratique, qui surgit parfois plusieurs mois après la lecture du passage concerné, est difficile à reprendre — or, c’est celui-ci qui est intéressant, qui s’adapte à chaque individu et ne se transfère pas simplement à un autre.
Globalement, c’est donc une base de réflexion assez indispensable, la compréhension des exemples étant parfois longue et plus ou moins douloureuse mais permettant réellement de mieux saisir les concepts expliqués, et les mécanismes dont une simple explication se heurterait aux défenses de l’inconscient. Mais c’est aussi un vrai effort, genre marathonien, que d’arriver au bout d’un texte souvent lourd, bien entendu par le fond, mais aussi par la forme…