Billard
|Vous vous souvenez de ce billet sur le dernier “remaniement” ?
Je crois que Borloo vient de faire exactement ce qu’il fallait pour sa pomme — pour nous, hum, je suis moins convaincu. Dire qu’il claque la porte de l’UMP, c’est bien : ça compliquera la tâche des UMP qui voudront l’an prochain rappeler qu’il est de la maison. Présenter ce départ comme une évidence politique, c’est mieux : ça fait taire d’avance les mauvaises langues, vous savez, les cyniques dans mon genre, ceux qui l’accuseraient de calculs arrivistes plutôt que de conviction politique.
Le jackpot, c’est qu’en plus il a récupéré Yade, qui du coup passe pour une suiveuse. Elle était, à mon humble avis, l’élément le plus dangereux pour quiconque se barrerait de l’UMP : les Français l’aiment bien, elle a l’air gentil, elle est mignonne, tout ça. Là, elle se retrouve marquée du sceau du deuxième, de l’adjoint, du type d’à côté, bref, de l’inéligible.
Ceci faisant, elle place Borloo sur un billard. Il disait hier être convaincu que son parti pourrait l’emporter en 2012 : avec Yade derrière, c’est un beau couple que les français aiment bien qui pourrait faire une campagne à l’Américaine (président/vice-président main dans la main) : le poivrot sympa associé à la gentille bosseuse, la belle et la bête en somme, ça sonne toujours bien. C’est la combinaison idéale, la seule peut-être à même de balayer Dumbo — pardon, je voulais dire Bayrou.
Au point, d’ailleurs, que je me demande si le “je pars, tu me suis” n’était pas prévu entre eux à l’avance. Moins camouflet pour l’UMP qu’un “on se barre ensemble”, mais ça a une portée symbolique tout à fait intéressante (les Français aiment les couples illégitimes) et ça élimine le risque d’un second éclatement, interne, qui ferait exploser leur combinaison.
Ce qui m’étonne, c’est que Yade ait accepté ce rôle de suiveuse. J’ai peine à croire qu’elle ne se sente pas les épaules de se lancer seule, et je la sens pas trop intéressée par les rôles de seconds couteaux. Reste l’hypothèse qu’elle suive réellement par conviction politique, avec la volonté de faire triompher le centre-droite ; le cynique en moi se débat à cette idée, mais il doit admettre qu’il n’y a pas grand-chose pour l’éliminer totalement.