Candidat du devoir
|Titine est candidate à l’investiture du Parti socialiste en vue des élections présidentielles. Mais elle a un problème, nous disent mes confrères compétents en élections : elle aurait l’image d’un “candidat du devoir”, c’est-à-dire qu’elle donnerait l’impression de poser sa candidature non par envie d’être élue, mais parce qu’elle serait la personne la plus à même de faire avancer les choses.
Ah.
Juste un truc : en quoi est-ce un problème ?
Quelque part, il y a deux façons d’envisager une candidature : penser qu’on a des solutions à apporter aux citoyens que les autres candidats n’incarneront pas correctement et souhaiter être un président qui améliorera les choses ; ou aimer diriger, gouverner, donner des ordres et souhaiter être élu parce que c’est le poste où l’on aura le plus de pouvoir à sa disposition.
Vu sous cet angle, je ne veux pas du deuxième candidat. Je ne veux en effet pas d’un président qui serait président pour son propre plaisir, parce que le pouvoir lui donne des fourmis dans les doigts et parce qu’il veut laisser son nom dans l’Histoire.
Je veux, au contraire, d’un candidat qui ne s’intéresse pas au pouvoir, mais qui mènera une politique guidée par un goût authentique pour l’intérêt du peuple.
Je ne suis pas le seul, je pense, puisqu’il n’est pas un candidat qui ne parle de “se mettre au service des Français”, y compris chez ceux dont il est évident qu’ils ne vivent que pour la perspective d’être aux commandes. Les Français doivent donc eux aussi préférer un Président qui travaille pour eux, plutôt qu’un qui roule pour lui-même.
Mais voilà que pour le candidat idéal, celui qui ne veut pas être président mais qui sent au fond de lui qu’il est le mieux placé pour faire évoluer l’État dans le bon sens, celui qui “y va” par sacrifice plutôt que par envie, cela serait un problème ?
“Les politiques, c’est des gens, on les élit pour faire ce qu’on veut, pis une fois élus, ils font ce qu’ils veulent”, disait un grand penseur en salopette. Si on veut que ça change, faudrait peut-être considérer le désintérêt du pouvoir comme un point fort, plutôt que comme un problème.