Trois hommes dans un satellite
|Je crois qu’il convient de féliciter mon confrère du Monde, qui a admirablement résumé une semaine d’astronautique russe dans un seul article. Ça se passe là : Un débris de Soyouz à l’origine d’une traînée lumineuse dans le ciel européen.
Lisez bien. Vous comprenez comme moi ?
Un Soyouz lancé mercredi, emportant trois cosmonautes dont le néerlandais André Kuiper, a connu une panne après 421 secondes de vol, empêchant la mise en orbite d’un satellite. Celui-ci est retombé en Sibérie, et le troisième étage du lanceur a traversé le ciel européen pour guider les rois mages.
Si vous avez quelques très vagues notions de lancements spatiaux — ne serait-ce que d’avoir ouvert un Asimov un jour —, ça a dû vous faire tiquer comme moi. Depuis quand un Soyouz peut-il mener en même temps une mission habitée et une mise en orbite de satellites ?
Et accessoirement, si le satellite n’a pas été mis en orbite, comment a‑t-il mis trois jours, de mercredi à samedi, pour retomber ?
En fait, mon estimé confrère a juste mélangé deux lancements indépendants.
Mercredi, un Soyouz habité a décollé avec trois cosmonautes : Kononenko, Kuipers et Pettit (mission TMA-03M). Le lancement semble s’être déroulé correctement, puisqu’ils ont frappé à la porte de la station spatiale internationale vendredi après-midi.
Vendredi, un Soyouz inhabité a décollé avec un satellite de communication Meridian (le cinquième, en fait). Son troisième étage ayant foiré, la charge s’est écrasée du côté de Novossibirsk, sans avoir été satellisée et donc dans les minutes suivant l’échec.
Enfin, d’après l’observatoire royal de Belgique, le météore de samedi après-midi était bien la rentrée du dernier (et quatrième) étage du Soyouz qui avait décollé mercredi.
Ça paraît pas très compliqué vu comme ça, mais pour Le Monde, ça devait paraître encore plus simple de fusionner les deux vols, quitte à mettre dans la même Twingo (le compartiment d’un Soyouz habité doit pas être plus gros que ça) un satellite de communications qui doit faire facilement la taille d’un monospace, plus trois passagers et leur équipement, et à faire penser qu’après une panne du troisième étage, on arrive quand même à l’ISS.
Au passage, j’attends avec impatience les images des émeutes qui ont eu lieu au standard téléphonique du Centre d’exploration des OVNI de Mannheim. D’après le même article, il a été littéralement pris d’assaut par des centaines d’Allemands.