Déremboursement
|Marine le Pen, à l’instant :
L’IVG est un acte qui peut être évité. Il existe beaucoup de moyens de contraception dans notre pays. […] S’il faut choisir, j’assumerai le choix de dérembourser un acte qui peut être évité en amont.
Ah oui, parce que c’est bien connu, les IVG ne touchent que des femmes qui ont sciemment choisi de se passer de contraception. Celles qui tombent enceintes le veulent bien, hein, puisqu’il y a tout ce panel de solutions pour pas que ça arrive…
Donc, les gamines qui tombent enceintes parce qu’elles découvrent par elles-mêmes, sans information préalable, vu que les conservateurs ne veulent pas entendre parler d’éducation à la sexualité, ben elles l’ont choisi.
Les femmes qui ont la mauvaise idée de vomir leur pilule pendant une semaine à cause d’une gastro, elles l’ont choisi.
Les couples qui, dans l’excitation du moment, ratent la mise en place d’une capote et finissent par la déchirer, ils l’ont choisi.
Je ne parle même pas des femmes qui, n’ayant pas de vie sexuelle non protégée, ne prennent pas de contraceptif et ont le malheur de croiser un violeur…
Au delà même de ces cas, Mme le Pen pourrait peut-être trouver intéressante une petite statistique : la pilule, correctement prise, a un taux d’échec de l’ordre de 3 pour mille. Autrement dit, pour mille femmes utilisant la pilule, sans oubli ni accident de prise, trois tombent enceintes chaque année.
On estime que 60 % des Françaises en âge de procréer prennent la pilule comme principal ou unique contraceptif. Pour simplifier, on va considérer que l’ensemble de ces 7 à 10 millions de femmes prend parfaitement la pilule, ce qui est irréalistement optimiste¹.
On a, mécaniquement, au moins vingt mille grossesses non désirées. Par an. En France.
Qui “sont évitables” selon Marine le Pen, grande spécialiste de l’obstétrique.
Au passage, plus j’étudie ce genre de stats, plus je suis fan du stérilet (oui, on dit “dispositif intra-utérin” de nos jours, mais je suis vieux, na) : environ un pour mille d’échec, pas de risque d’oubli, pas de problèmes hormonaux (pour les femmes, mais aussi pour les poissons…), coût inférieur… La mauvaise réputation due aux défauts des premiers modèles ne semble plus vraiment justifiée dans la littérature récente (même s’il reste quelques cas de déplacements agressant la paroi utérine) et, pour celles qui le supportent, ça paraît quand même pas mal.
¹ La pilule aurait en fait plus de cinq échecs pour cent en conditions réelles : une femme qui l’utilise de vingt à quarante ans aurait ainsi plus d’une chance sur deux d’avoir une grossesse non désirée à un moment donné.