Vérifications automatiques
|Aujourd’hui, j’ai voulu acheter du matériel informatique. Celui-ci étant destiné à ma mère et n’ayant pas envie de le promener dans le train, j’ai souhaité ajouter une adresse de livraison pour que ça arrive directement chez mes vieux.
Premier marchand : ajout de l’adresse sans problème, je retourne à mon panier pour valider ma commande, et il me met mon adresse par défaut. Je clique sur “Modifier l’adresse de livraison” et là… Une page d’encarts publicitaires. J’ai bien cherché, rien pour sélectionner l’autre adresse.
Étant dans un jour de bonté rare, je modifie mon adresse principale. Mais au moment de valider la commande, il m’engueule parce que je n’ai pas mis de téléphone fixe. Problème : je n’ai pas de téléphone fixe. Je pourrais mettre celui de mes parents, mais s’ils m’appellent pour une question autre que la livraison (au hasard : pas en stock, qu’est-ce qu’on fait ?), ils ne sauront pas quoi dire… Donc, je suis bloqué par un vérificateur automatique qui veut absolument un numéro commençant par autre chose que 06, que de moins en moins de gens ont (beaucoup de mes contacts n’ont plus de fixe ailleurs qu’au bureau).
Donc, deuxième site de la liste du comparateur.
Je crée une adresse supplémentaire, et là, tout de suite, il m’engueule : la commune ne suffit pas, je dois indiquer l’adresse. Je l’indique, mais il m’engueule encore.
Petite précision : mes parents habitent un bled, mais genre bled paumé. 60 habitants en été, moitié moins en hiver. Y’a une route qui traverse deux hameaux, deux autres routes pour accéder aux deux autres hameaux, une sorte de rue qui part au milieu du plus gros, et c’est tout. Donc, les voies n’ont pas de nom à part leur numéro cadastral, et les maisons disséminées dessus n’ont pas de numéro.
La maison de mes parents fait partie d’un lot de trois sises au lieu dit Pierre Brune, et c’est bien assez précis pour que le facteur trouve son chemin (on a même un courrier adressé à “je sais pas son nom mais on l’appelle Untel”, avec le nom du village en-dessous, qui est arrivé : facteur, c’est un sacerdoce).
Mais “Pierre Brune”, c’est pas une adresse. “Lieu dit Pierre Brune”, pas plus. Une adresse, ça commence par un chiffre et pis c’est marre.
Donc, j’ai mis un nombre. N’importe lequel. Et puis j’ai écrit n’importe quoi derrière, parce que quand un formulaire informatico-administratif demande à être rempli, faut le remplir coûte que coûte.
Ça sera donc livré à : Franck Mée, chez [ses parents], 200 m au dessus de la place, 26 310 Val Maravel. Ça ne veut rien dire, y’a pas du tout de nom identifiant l’endroit précis, mais ça, l’ordinateur s’en fout.
Monsieur le facteur, si t’as du mal à trouver, promis : je te file l’adresse du site qui a cette subtile et intelligente vérification automatique pour que tu leur expliques la vie.
Au passage, si le conseil municipal décide de nommer et numéroter les voies, je pense que les baptiser “route qui remonte la vallée”, “route qui monte à gauche”, “route qui traverse la rivière”, “route du fond de la vallée”, “rue unique”, “piste qui remonte dans la montagne” et “piste qui traverse le ruisseau”, ça serait pas mal. En numérotant en mètres depuis l’entrée dans la commune, ça pourrait donner des adresses genre “6325 piste qui traverse le ruisseau”, ça serait à la fois mathématique et bucolique, ça serait vraiment classe.
Et ça permettrait de pousser l’absurdité des choses jusqu’à leur terme.