France aux Français
|J’ai vu passer aujourd’hui une remarque :
Si je dis “l’Algérie aux Algériens”, tout le monde dit “bravo” ; “la Tunisie aux Tunisiens”, tout le monde dit “bravo” […] mais si je dis “la France aux Français”, on me traite de raciste.
Est-il possible de ne pas voir que, au delà de la construction syntaxique identique, ces phrases n’ont aucun point commun ?
Quand un Algérien dit “l’Algérien aux Algériens”, il ne compte généralement pas exclure une population plus pauvre que la sienne d’un partage généreux ; il compte exclure de son pays des gens qui ont abusé de ses richesses. Son objectif est d’améliorer sa propre vie.
Quand un Français dit “l’Algérie aux Algériens”, il ne compte généralement rien faire pour lui-même ; il préférerait juste vivre dans un monde où personne n’abuserait d’un tiers. Son objectif est d’aider quelqu’un d’autre à améliorer sa vie.
Quand un Français dit “la France aux Français”, il ne compte généralement pas améliorer sa propre qualité de vie ; il veut éviter de voir se réaliser un de ses fantasmes d’appauvrissement. Son objectif est de maintenir sa vie à l’identique, quitte pour cela à détruire les chances qu’un autre aurait d’améliorer la sienne.
La syntaxe similaire ne doit pas masquer cette réalité : les premiers de ces mouvements sont progressistes, pour soi ou par procuration ; le troisième est protectionniste. Deux veulent accroître par la libération, un veut protéger par la contrainte.
Bref, les premiers sont marqués par l’espoir, le dernier par la peur.