Capitaliser sur l’attente
|“Ça devient un peu lourd, quand même.”
Voilà ce que j’ai pensé hier, en regardant le quatrième épisode de la saison 5 de Ice pilots NWT.
Je l’avais dit dans ma première critique : une bonne part du suspense créé artificiellement à chaque épisode ne sert à rien, vu que quelqu’un qui se tape quatre saisons de la série est forcément suffisamment passionné pour avoir jeté un œil à l’histoire de Buffalo Airways, et aura vu au passage que l’entreprise n’a connu à ce jour aucun accident mortel. J’ajoutais même qu’il y aurait un atterrissage sur le ventre dans la saison 5…
Et bien, on dirait que je ne suis pas le seul à avoir ainsi anticipé sur la suite de la série, et que les producteurs ont carrément décidé d’utiliser cette attente (un crash de DC‑3, on n’en voit pas tous les jours, et je pense que beaucoup de Canadiens ont dû en entendre parler) pour accrocher leur public.
Le premier épisode parle en effet de l’effondrement d’un train sur un C‑46. Le second, d’un problème de verrouillage de train sur un DC‑3. Le quatrième, d’un problème hydraulique à la sortie du train sur un DC‑3. Je suppose que les producteurs se sont dit un truc : “bon, la plupart de nos auditeurs ont entendu parler d’un atterrissage sur le ventre d’un avion de Buffalo il y a quelques mois, on va parler train d’atterrissage à chaque début d’épisode histoire de les tenir en haleine le plus souvent possible”.
Le pire, c’est qu’il n’y a même pas besoin d’avoir lu les rapports d’accident pour comprendre que ces soucis de train n’ont rien à voir avec l’atterrissage sur le ventre connu début août : il suffi d’avoir écouté la série. Il y a quelque temps, nous avions en effet vu le père McBryan passer un savon à Justin Simle, qui avait remis les gaz et fait un tour de piste suite à un soucis de verrouillage de train sur DC‑3 : le vieux n’avait pas apprécié cette prise de risque et expliqué au moins deux fois qu’il y a trois verrous sur le DC‑3, mécanique, hydraulique et géométrique¹, et que la seule absence de confirmation du verrou mécanique ne justifiait pas l’annulation de l’atterrissage. En l’état, les auditeurs un minimum attentifs qui auraient juste vu les titres de journaux savent donc que le crash de cet été était un vrai poser train rentré, et pas un problème de train d’atterrissage.
Cette obsession sur le train d’atterrissage est un peu lassante et finit par donner l’impression que c’est un vrai problème sur ces appareils — alors que si personne laisse traîner un marteau dans le puits de train, en fait, ils peuvent bien souvent sortir et se verrouiller par simple gravité, aussi sûrement que sur les avions modernes.
¹ D’une part, le circuit hydraulique est bloqué une fois le train sorti, empêchant le vérin de se rétracter ; d’autre part, un loquet est mis en place pour empêcher tout mouvement de la jambe ; enfin, la forme même de la jambe fait qu’elle n’a normalement pas tendance à se replier si on la charge, mais au contraire à rester droite.