Impact et hypocentre
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Le 9 août 1945, à 11 h 02, la bombe atomique larguée par les Etats-Unis détruit 80 % des bâtiments de Nagasaki, dont sa célèbre cathédrale d’Urakami, située à 500 mètres du point d’impact.
J’apprends donc que Fat Man a touché le sol. Ben oui, c’est la définition même d’un impact : le moment où un élément entre brutalement en contact avec un autre.
Or, Fat Man n’a jamais impacté quoi que ce soit. Son détonateur était commandé par un altimètre et l’explosion programmée pour environ 500 m de hauteur.
Je pinaille ? Non, pas cette fois. Si Fat Man avait été déclenchée par l’impact, comme les bombes traditionnelles, son effet aurait été nettement moins important. Vous vous souvenez tous de cette scène de Tintin où un complotiste place une bombe à côté d’un mur et n’obtient que des dégâts mineurs (une statue décapitée si ma mémoire est bonne), avant de se faire dire qu’il aurait dû l’enterrer pour que le choc soit efficace ?
Et bien c’est exactement ça : si on enterre une bombe, on obtient une pression mécanique considérable, qui se propage peu mais entraîne des dégâts importants à faible distance ; si on la fait exploser en surface, la pression mécanique est plus faible mais il se produit un souffle qui se propage aisément.
Dans le cas d’une bombe atomique, la souffle ne manque pas, et il est associé à un rayonnement thermique généreux. On ne cherche donc pas à obtenir un effet purement mécanique mais au contraire à maximiser la portée du souffle, et le meilleur moyen pour ce faire est de déclencher l’explosion quelques centaines de mètres au dessus de la surface.
Il est d’ailleurs notable que Fat Man, quoique plus puissante que Little Boy, a eu des effets plus restreints : Nagasaki est située dans une région vallonnée et malgré l’altitude de l’explosion, les collines ont dissipé le souffle en le déviant vers le haut. Au contraire, la large île (littéralement, 広島, hiro-shima) toute plate a permis au souffle de Little Boy d’atteindre le sol efficacement jusqu’à des distances élevées de l’hypocentre.
Ah oui, c’est ça, le mot correct que mon confrère du Monde aurait dû utiliser : hypocentre. Le point au sol situé sous une explosion nucléaire.