Joyeux anniversaire
|Né tout juste un mois après son meilleur ennemi, il devait comme lui devenir le meilleur sprinteur du moment. Et, comme lui, il semblait tout droit sorti d’une bande dessinée ; mais plutôt que la pureté idéologique jacobsienne, il donnait dans la précision pratique d’un Uderzo. D’ailleurs, ses parents ne comptaient pas juste en faire un champion des stades : ils rêvaient pour lui d’une grande carrière dans le vrai monde. Il fit montre d’un caractère plutôt entier, et se fit au bout du compte griller la politesse par un camarade sans doute moins spectaculaire, mais d’humeur plus conciliante lorsqu’on lui demandait des compromis. Il n’empêche que ce grand gaillard droit dans ses bottes, s’il n’aimait pas les demi-mesures, se révéla un infatigable compétiteur : doté d’une musculature élégante, il avait compris l’importance de garder la ligne au niveau des hanches et courait sans faiblir jusqu’à ce que la fièvre l’arrête. Comme son malheureux camarade, il prit une retraite précoce : assis dans le même salon, ils passent désormais leurs vieux jours à raconter leur folle jeunesse pour faire rêver les gamins de passage.
Joyeux anniversaire, Nord Griffon II.