Inktober, fin
|Il y eut un début, il y eut une fin, ce fut mon premier Inktober. Et je vis que cela était con.
Pour cet embryon de dernière semaine, on dirait que j’en avais un peu marre. En tout cas, ça n’était pas prémédité, mais je n’ai pas dessiné un seul appareil complet.
Dimanche, le thème imposé était “uni”. Histoire de changer un peu, je suis parti sur un contre-champ : plutôt que l’évidence (un vol en patrouille, au hasard), je me suis intéressé aux gamins unis pour voir le meeting sans payer. Petite note en passant : les meetings devraient être gratuits pour les enfants. Ça augmenterait l’espérance de vie de leurs baskets — et de leurs chevilles.
Après une paire de dessins qui m’avaient pris beaucoup de temps, j’ai voulu faire plus simple en me contentant d’un graphisme léger, sans ombrage. L’original est aussi nettement plus petit, une bonne façon de me rappeler de ne pas trop détailler. Pour être honnête, je suis assez satisfait du résultat, notamment du fait qu’on voit bien que celle qui fait la courte échelle à son petit camarade râle quand même un peu — ça se comprend : elle est impatiente de grimper elle-même.
Lundi, “trouvé”. Nouvelle parodie de Chicken Wings : c’est typiquement le genre de connerie bien intentionnée que ce cher crétin de Chuck commet régulièrement. En vrai, pour ce que j’en ai vu, les relations entre pilotes et mécanos sont bien meilleures : leur antagonisme me rappelle un peu l’opposition éternelle entre Drômadaires et Ardéchiens — ils n’arrêtent pas de se taper dessus, mais deviennent brusquement indéfectiblement alliés si un Lyonnais se permet de critiquer l’un ou l’autre.
On va pas se mentir : j’ai complètement foiré la bouche. Je la voulais un peu de biais genre narquois, je l’ai quasiment de profil genre personnage de Picasso après quinze rounds face à Mike Tyson. C’est dommage, parce que le dégarnissage progressif du quadragénaire, les lunettes de soleil vissées sur le nez, la chemise mal fermée avec toison apparente m’évoquent bien l’aspect gros-beauf-qui-se-croit-cool que je voulais donner à mon personnage.
Mardi, pour finir, “masque”. Au départ, je pensais faire un bal masqué des avions, mais finalement c’était beaucoup trop compliqué — surtout que je savais pas par où l’attaquer. Alors j’ai cédé à la simplicité, j’espère que vous ne m’en voudrez pas, avec cette vieille légende qui n’en est pas toujours une (lisez La naissance d’un pilote, vous verrez).
Cette fois, les fermetures à glissière ressemblent à des fermetures à glissière, c’est une nette amélioration par rapport au dernier dessin de la semaine 2. Évidemment, j’écris mal quand j’écris petit, mais c’est pas très grave. De toute façon, j’écris mal quand j’écris gros aussi.
Voilà, c’est la fin pour cette fois. Je suis surpris et admettons-le un peu fier d’avoir tenu jusqu’au bout, même s’il n’y a que 29 dessins pour 31 thèmes. Vous noterez deux absents sur ce tas de feuilles : ceux qui sont dans mon carnet de notes de l’AFF et du SAR, gribouillés en pleine conférence. Vous noterez également un bonus, le Diamond pondu début septembre pour les 62 ans d’un collègue — c’est le moment où j’ai eu cette idée débile de faire l’Inktober.
Il y a des choses bien, d’autres nulles, d’autres sur lesquelles les avis sont partagés (on m’a dit que la blague sur le Bonanza était difficile à comprendre parce qu’on ne voit pas tout de suite sa pilote, alors que je trouve justement que c’est une des qualités de ce dessin de ne pas faire dans l’outrance avec un gros cul au premier plan).
À mon avis, j’ai beaucoup progressé sur les ombrages et particulièrement sur la sûreté et la rapidité de leur exécution : j’hésite moins à mettre de l’encre et, cependant, je marque moins le papier. J’ai aussi plus de facilité à faire certains éléments directement à l’encre, limitant le crayonné à la mise en place des principaux éléments, et à faire des perspectives pas trop pourries à l’œil, sans tirer des fuyantes bien préparées à l’avance.
En revanche, dès qu’on fait dans l’humain, c’est la merde. Je sais pas quel est le crétin qui a mis autant de trucs indessinables sur un visage, mais je le remercie pas.
Je l’ai dit et répété, dessinateur, c’est un métier. Je lis des bédés depuis assez longtemps (oh, pas loin de 35 ans en fait) pour le savoir : même un dessin d’apparence simple demande une certaine maîtrise, voire une maîtrise certaine — vous savez combien de dessinateurs se sont arraché les cheveux à tenter de faire du Gaston ? Vous savez combien a réussi ?1
Dessiner tous les jours pendant un mois fait évidemment beaucoup progresser, surtout quand on n’a peu ou prou pas gribouillé depuis les cours chiants à la fac. Ça fait aussi encore mieux réaliser que non seulement ça n’est pas simple de réussir un dessin, mais que c’est bien plus difficile de maintenir dans la durée cet investissement quotidien.
Ça ne m’empêchera pas de continuer à critiquer les traits moches de certaines BD, bien sûr. Parce que bon, faut quand même être raisonnable : qui admire bien châtie bien.