Joyeux anniversaire

On n’a jamais rai­son d’a­voir rai­son trop tôt. Telle est la leçon qu’il ensei­gna à l’Eu­rope. Il était pour­tant bien né : plu­tôt mignon, il était un poil plus cos­taud que ses cama­rades amé­ri­cains et sen­si­ble­ment plus vif. Il pro­fi­tait des qua­li­tés de tout un conti­nent : la tête venait du pays des Lumières, les bras éga­le­ment, le tronc avait la robus­tesse espa­gnole, les jambes avaient la viva­ci­té ita­lienne. Mais son cœur était pari­sien et, sur­tout, il avait des muscles de Yan­kee : puis­sants, mais gour­mands. Pour ne rien arran­ger, il fai­sait ses pre­miers pas lorsque le prix de la nour­ri­ture s’en­vo­la. Il res­ta donc dans son coin et se fit peu d’a­mis — mais ceux-ci parlent encore de lui avec émo­tion. Reste que, par ses carac­té­ris­tiques, ses capa­ci­tés et même son mode de pro­duc­tion, ce mar­gi­nal pré­fi­gu­rait avec quinze ans d’a­vance celui qui fut, est et sera encore long­temps le plus popu­laire des Européens…

Dassault Mercure par Udo K. Haafke
Le Mer­cure, un A320 trop gour­mand, au rayon d’ac­tion trop limi­té, né en pleine crise pétro­lière. — pho­to Udo K. Haafke, GNU FDL

Joyeux anni­ver­saire, Das­sault Mercure.