Que retenir de Lisbonne ? D’une part, que c’est une ville beaucoup plus sympa que, au hasard, Paris.
Anecdote révélatrice numéro 1 : le premier jour, en descendant une ruelle plutôt pentue, je discute avec Laurent et ne regarde absolument pas où je vais. Percussion sans gravité d’une poussette, “Oups, désolé, pardon”, la conductrice de la poussette me dit un truc incompréhensible à base de fricatives et de diphtongues, mais sur un ton presque amusé et avec un sourire qui dit “c’est pas grave, ça arrive”. Sûr qu’une Parisienne m’eût engueulé, au moins.
Anecdote révélatrice numéro 2 : à l’aube du deuxième jour, pendant que le bus attendait à un feu rouge dans un bouchon d’une centaine de mètres, un coup de klaxon. La guide enchaîne aussitôt : “oui, là, c’est le début de l’été, avec les vacances, les esprits sont un peu échauffés alors ça klaxonne, mais normalement c’est plus calme”. Faut pas qu’elle aille place de la Concorde, elle.
D’un autre côté, le décor de Lisbonne elle-même est amusant. Murs colorés, ruelles, traboules, escaliers, on a un très grand enchevêtrement d’habitations qu’on ne trouve encore dans les villes françaises que dans les “vieux centres” souvent identifiés comme tels, réservés aux piétons et généralement de surface plutôt réduite — les exceptions sont sans doute la Croix Rousse et Chambéry.
Les parcs valent également le détour, par la variété des essences et par leur entretien. Au passage, si certains quartiers sont en assez sale état, Lisbonne reste plutôt propre : on peut marcher des heures dans les rues — faut bien justifier les cinq repas par jour — sans tomber sur un tas de papiers gras oubliés…
Lisbonne a enfin cette particularité, comme je suppose beaucoup de villes pauvres connaissant un développement récent et rapide : on y passe en trois pas d’un quartier populaire pleins d’habitations usagées à des coins rénovés où rien ne dépasse. Imaginez Aubervilliers, Montmartre et la Défense à dix minutes de marche et tout en collines, et vous aurez une idée.
Sur un plan plus personnel, ce premier voyage de presse a été très intéressant aussi. Ce n’est en effet pas en croisant les gens au fil des conférences de presse, une heure par ci ou par là, qu’on peut commencer à les apprécier à leur juste valeur. Et je me suis rendu compte qu’en fait, je connaissais très peu mes confrères.
Et c’est d’autant plus dommage que globalement, ce sont des gens intéressants, cultivés, doués d’humour… et parfois un peu excessifs, comme tout passionné qui se respecte (je crois pas être différent sur ce point). Certains sont très ouverts et plutôt grandes gueules, d’autres plus discrets ou réservés, mais dans l’ensemble c’est une population assez attachante, dont les connaissances dépassent souvent largement le domaine d’expertise et avec qui il est intéressant et agréable de passer du temps.
Ajoutons à ça les trucs dont j’ai pas le droit de parler, et on obtient un voyage intéressant, sympa et instructif, ce que les linguistes parlant le Franck traduiraient en langue commune par : “je me suis bien éclaté, merci à tous”.