La “cité perdue des Incas”, redécouverte progressivement à la fin du 19è siècle et officiellement présentée à partir de 1911, est le point incontournable où tout touriste péruvien est censé passer.
Il paraît qu’il faut partir tôt, alors on part tôt : on est à l’ouverture du pont, à 5 h du matin. Mais comme les bus y sont aussi…
…y’a quand même une queue monstre pour rentrer. Note pour plus tard : on serait partis une heure plus tard, ça n’aurait pas changé grand-chose.
Sur place, ce qui choque, c’est la propreté du site. Pas dans le sens “y’a pas de Français pour bazarder des papiers gras partout”, non, ça, c’est plutôt agréable ; mais dans le sens où tout est nettoyé, lissé, aménagé. Le Machu Picchu, c’est les seules ruines mieux entretenues que des maisons neuves, le seul site archéologique parfaitement rangé.
Même la pelouse a l’air d’être au garde-à-vous, les pierres sont plus propres que ma cuisine et les lamas ont des étiquettes avec leur nom (salut, Liz). Du coup, l’âme du lieu, ben… y’en a pas. J’ai eu l’impression de voir plus d’Histoire en traînant à ma sauce dans les ruines du fort du Rabot et de ses enceintes Vauban qu’en suivant les alignements impeccables du Machu Picchu.
Heureusement, on a des tickets pour Wayna Picchu, la montagne d’à côté, où il y a beaucoup moins de passage (limité à 400 par jour et très sélectif, avec des escaliers bien durs physiquement et des passages aériens à déconseiller aux sujets au vertige). Y’a toujours du monde, mais c’est beaucoup plus raisonnable et les cailloux ne semblent pas avoir été nettoyés dans la nuit. Et si l’accès du temple de la Lune, paumé au bout de la descente de l’autre côté, n’est vraiment pas donné à tout le monde, c’est une espèce d’aventure sylvestre fort dépaysante.
Cependant, j’avoue que physiquement, j’en ai marre. C’est marrant, mais psychologiquement, je me suis dit “ah, on est arrivé” la veille, et repartir pour une journée de cavale en montée/descente au milieu des touristes me fatigue vite. On a beau passer une heure à regarder les lézards et les yogis, j’ai du mal à me remettre dans le bain et je suis surtout soulagé quand arrive l’heure de redescendre.
Le train de retour amuse beaucoup Clémence : saoulée de me voir regarder ma montre à tout bout de champ, elle me l’a chouravée. Du coup, à chaque fois que j’ai le réflexe de jeter un œil à mon poignet pour suivre l’évolution du temps, au lieu de juste vérifier qu’elle n’a pas reculé, je me rends compte que j’ai encore essayé de regarder ma montre, je bloque, j’essaie de deviner combien de temps il reste jusqu’à Ollantaytambo et c’est tout con, mais je découvre que ma vraie dépendance, c’est pas le chocolat, c’est le repère temporel.
La ligne de chemin de fer étant interrompue à Ollantaytambo, un dernier minibus nous ramène à Cuzco, où nous retrouvons l’hôtel largement après le crépuscule. Dernière nuit sur place, le lendemain on ramasse tout le bazar laissé avant de partir en rando et on file au terraport.