J’ai su dès que j’l’ai vue

Qu’elle serait pour mes rêves,

Comme une ter­reur de plus,

un récif sur la grève.

Un film que j’connaissais

Sor­ti droit d’mes cauchemars

Et qui s’est déroulé

Comme dans une série noire.

J’a­vais déjà écrit

Le sce­nar’ de l’histoire,

Du début jusqu’ici,

Jus­qu’au froid du brouillard.

Ne posez pas d’question :

J’ai encore eu raison

Et marre d’a­voir raison !

J’ai vite sen­ti venir

Qu’elle serait acceptée,

Je pou­vais même vous dire

Quel mec elle choisirait.

Et même je savais

Qu’elle me séduirait,

Sans même y songer,

Et sans le faire exprès ;

Je savais dire si tôt

Qu’elle allait sans l’vouloir

Me plan­ter dans le dos

Une lame de poignard.

Ne posez pas d’question :

J’ai encore eu raison

Et marre d’a­voir raison !

Je suis seul avec moi

À taper mon clavier,

Et les coups de mes doigts

Même ont un bruit salé.

J’ai lais­sé là en plan

Des gens que j’appréciais,

Suis par­ti en fuyant

Avant que de pleurer.

J’a­vais cru que mon cœur

À force s’é­tait blindé,

Mais tout, à l’intérieur,

S’est remis à saigner.

Ne posez pas d’question :

J’ai encore eu raison

Et marre d’a­voir raison !

Ils disent “Dieu est amour”,

Ces connards de croyants,

Mais je vois tous les jours

La souf­france qu’il répand.

Si le grand écrivain

Qui dirige tout ici

M’ai­mait, même seule­ment bien,

Il m’au­rait fait mentir.

Pes­si­miste, peut-être, moi,

Moi qui vois tout en noir,

Mais don­nez, après ça,

Une seule rai­son d’y croire.

Mais posez pas d’question :

Dieu n’est qu’une illusion,

Une vieille pute, j’ai raison.

(10/01)