Je dis bonjour,
Toujours,
Aux gens.
Faut être poli,
Ici,
Tout l’temps ;
Et je salue :
“Bienvenue,
Qu’y a‑t-il ?”
On me répond
Comme pion :
Mépris.
Chuis un surveillant
Les gosses, leurs parents,
Le boss, les agents
Et les enseignants,
Qu’est-ce qu’ils peuvent être chiants !
Pour les élèves,
J’me lève :
Sept heures.
Je rejoins ma turne,
Mon plume,
Onze heures.
Entre, je bosse
Sans pause,
Je trace.
On m’remercie :
On m’dit :
“Feignasse !”
Chuis un surveillant
Les gosses, leurs parents,
Le boss, les agents
Et les enseignants,
Qu’est-ce qu’ils peuvent être chiants !
Pour les élèves,
J’l’ai fait,
J’comprends :
Prendre pour des cons
Les pions,
Tout l’temps.
Les enseignants,
En revanche,
Sont fous :
Ils seraient quoi,
Ceux-là,
Sans nous ?
Chuis un surveillant
Les gosses, leurs parents,
Le boss, les agents
Et les enseignants,
Qu’est-ce qu’ils peuvent être chiants !
Nous on surveille,
Merveille,
Les colles
Que ces braves gens,
Tout l’temps,
Nous collent,
Sans une pensée,
Jamais,
Pour l’pion
Qui va s’fader
Après
Leurs cons.
Chuis un surveillant
Les gosses, leurs parents,
Le boss, les agents
Et les enseignants,
Qu’est-ce qu’ils peuvent être chiants !
À l’internat,
Y a pas
D’chauffage ;
Les gars s’dégèlent,
Bordel,
Pas sages !
C’est pas rangé,
Après,
C’est sûr.
Qui c’est qui prend ?
Le sur-
veillant !
Chuis un surveillant
Les gosses, leurs parents,
Le boss, les agents
Et les enseignants,
Qu’est-ce qu’ils peuvent être chiants !
C’est décidé,
J’vais faire
Aut’chose.
Demain dès l’aube,
Un job
Plus rose.
L’éducation,
C’est bon,
Ça va ;
Mais désormais,
J’voudrais
Être roi.
Fonctionnaire c’est
Planqué,
Géant !
J’passe le CAPES,
Je reste
Trente ans !
Chuis un enseignant
Enfin, méprisant
Les gosses, les agents
Et les surveillants,
Chuis un enseignant !
(05/03)