Si Marianne était républicaine
|Nadine Morano, énervée par un magazine ancré moins à droite qu’elle titrant “le voyou de la République” pour parler de Nabotléon :
Lorsqu’on écrit dans un magazine qui s’appelle Marianne, qui est un de nos symboles de la République — Marianne, c’est un de nos symboles de la République, tout comme le drapeau tricolore, tout comme la Marseillaise…
Tiens, y’aurait pas comme une connerie, là, quelque part ?
Bon, déjà, c’est évident : Marianne, c’est avant tout un prénom, et si le fondateur du journal a baptisé celui-ci comme sa petite-nièce ou sa grand-mère, c’est son problème et je ne vois pas le rapport avec la République¹. Mais surtout, n’y aurait-il pas là une affirmation un peu rapide ?
Voyons donc les symboles de la République française. C’est assez simple : ils sont listés dans la Constitution, celle applicable actuellement étant celle de 58, dite de la Cinquième république. Y’a même pas besoin de chercher très loin : c’est dans le titre premier, article 2.
La langue de la République est le français.
L’emblème national est le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge.
L’hymne national est « La Marseillaise ».
La devise de la République est « Liberté, Égalité, Fraternité ».
Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Oups, pas de Marianne, pas de bonnet phrygien, pas même de palais de l’Élysée ou de première dame de France. La langue officielle est le français et les symboles sont un drapeau (tricolore bleu, blanc, rouge, notez que les couleurs précises ne sont pas indiquées ni même l’orientation, quoique la tradition impose des rayures verticales), une chanson et une devise. Rien d’autre.
Peut-on être secrétaire d’État, poste tout de même relativement élevé dans la hiérarchie nationale (c’est juste en dessous d’un ministre, et ça n’a que trois supérieurs : son ministre de tutelle, le premier ministre et le président de la République), sans avoir lu ne serait-ce que les titres I à X de la Constitution ? Ça me paraît délicat, mais après tout, le gouvernement est censé être une émanation du peuple. Et à part moi, vous connaissez beaucoup de gens qui ont lu la Constitution ?
(Au passage : vous devriez. C’est court, lisible, exactement ce que devrait toujours être un texte de loi et qu’il n’est jamais.)
¹ Oui, cette phrase est un peu faux-derche. Oui, il est hautement probable que Jean-François Kahn ait nommé ainsi son magazine en référence à la Marianne républicaine. Mais on s’en fout.