Pneu hiver
|Rappel : un pneu hiver est plus efficace quand il fait froid.
Oui, même sur bitume sec.
À l’œil, on identifie généralement les pneus hiver actuels à leurs rainures multiples au milieu des crampons. Ces rainures améliorent l’adhérence sur neige, c’est pour ça qu’elles sont là.
Mais la principale différence entre pneu normal et pneu hiver, c’est le mélange de gommes utilisé. Le pneu hiver utilise des gommes plus souples, qui ne durcissent notablement que vers ‑10 °C (et encore, les rainures plus nombreuses sont autant de points de frottements supplémentaires qui tendent à réchauffer la gomme en roulant). Les gommes dures d’un pneu été se rigidifient dès 10 °C. Or, la souplesse du pneu est ce qui lui donne son adhérence sur un terrain sec.
Résultat : sous les 7 °C, d’après les fabricants de pneus, un pneu hiver adhère mieux qu’un pneu été, et ce quel que soit le terrain. De mon expérience de type qui a traversé le Vercors en long, en large et en travers pendant des années, dès qu’il gèle, le pneu hiver est notablement plus efficace — meilleur guidage, meilleur freinage, et décrochage plus progressif là où un pneu été se met à glisser d’un coup. Et ce n’est que vers 12 — 15 °C qu’un pneu été prend un avantage notable — passée cette température, les pneus hiver se ramollissent trop, glissent progressivement, et l’inscription en virage est sensiblement moins précise, avec un retour plus spongieux dans le volant.
Or, à Paris, les températures moyennes sont inférieures à 7 °C de décembre à février (elles sont à peu près à 8 °C en novembre et mars). Donc, notez bien : il est rentable pour un automobiliste parisien intra-muros d’utiliser des pneus hiver trois mois par an.¹ Et comme les températures en banlieue sont plus basses qu’à Paris, c’est valable pour tous les Franciliens.
Après, faut pas non plus être con : un pneu neige, c’est comme un contrôle de motricité, c’est qu’un outil qui aide mais pas une solution miracle.
Au passage, le même principe sur gommes tendres est tout aussi valable pour des chaussures. Pas forcément besoin de claquer une fortune pour avoir du Vibram ou autre composant hich-tech : certains caoutchoucs offrent déjà une bonne adhérence. Avant d’acheter une paire de pompes, passez le pouce sur la semelle : sur une gomme dure, il glissera ; sur une tendre, il sera retenu même sans appuyer. Je viens, avec des chaussures qui sont loin d’être les plus adaptées que j’ai eues², de faire cinq bornes sur un mélange neige / neige compacte / soupe / glace, je n’ai pas eu à sortir les mains des poches une fois — même si j’ai croisé les pieds occasionnellement pour recentrer un appui glissant. Si j’en juge par le nombre d’ambulances croisées et les explications du 20 h, les chaussures de ville (généralement à semelles dures, mais il existe des exceptions) n’ont pas le même comportement…
¹ Quant à savoir s’il est rentable pour un Parisien intra-muros de posséder une automobile, c’est un autre question…
² Après deux ans de remarques régulières sur le sujet, j’ai troqué mes Aigle de rando contre des chaussures mixtes Salomon, plus urbaines mais aussi — je m’en rends compte ces jours-ci — un peu moins adhérentes sur neige (et beaucoup moins étanches).