Monument historique
|Il y a des jours, on photographie des avions, innocemment, et puis on prend qu’une photo vite fait d’un vieux Learjet qui n’a rien d’original. Et puis quelqu’un regarde de plus près et fait remarquer qu’en fait, c’est pas du tout un Learjet.
À la fin des années 60, Sud Aviation et Nord Aviation veulent lancer un jet d’affaires. Les deux entreprises ayant fusionné le premier janvier 1970, c’est sous la nouvelle bannière de la Snias, future Aerospatiale, que la SN-601 Corvette a été produite entre 1973 et 1977. Une quarantaine d’exemplaires plus tard, Aerospatiale arrêta d’essayer de la vendre et se concentra sur des produits qui rapportaient, comme les hélicoptères.
(De manière amusante, on notera qu’à la même époque, Dassault, grand spécialiste de l’art de faire de l’argent avec des jets d’affaires, s’est bouffé un gros gadin en tentant de pénétrer le marché de l’avion de ligne avec le Mercure. Celui-ci avait pourtant une capacité très proche de l’A320, qui fut la vache à lait qui nourrissait Airbus vingt ans plus tard. Faut savoir se contenter de faire ce qu’on sait faire, parfois.)
Faute de l’avoir bien vendue, Aérospatiale, puis EADS, a sans doute été la plus grosse utilisatrice de Corvette : cinq appareils ont été employés jusqu’en 2009. Les autres rares utilisateurs ont également arrêté les leurs, et une petite recherche laisse penser que F‑GPLA est tout simplement la dernière Corvette en vol. Oui oui, ce petit machin qui paraît bien ordinaire est plus rare que les Spitfire, plus rare que les Constellation, plus rare même que les B‑17 et autres avions mythiques qui font toujours tourner les têtes quand on les voit.
C’est donc un vrai monument historique qui, ce matin, a défilé discrètement pendant que tout le monde regardait la Patrouille de France.