Droit de vote
|Tout à l’heure, sur Twitter, on pouvait trouver ça :
Ça a fait couler beaucoup d’encre, enfin, je veux dire, ça a fait taper beaucoup de claviers. Certains juristes y sont allés de leur réponse, la plus explicite étant celle du mari de Mme Eolas :
— Mari de Mme Eolas ✏️ (@Maitre_Eolas) 1 octobre 2016
Et effectivement, sur un plan juridique, on ne voit pas bien comment établir la preuve en l’espèce : si l’article 441–1 du Code pénal qualifie bien le faux et l’usage de faux, il faut d’abord établir le mensonge. Or, les scrutins étant secrets en France, prouver qu’un individu est “partisan de gauche” est extrêmement compliqué : même s’il le revendique, rien n’oblige à penser que son vote est en accord avec ses paroles. Rien ne vous dit que je ne vote pas à droite une fois dans l’isoloir, et si c’est le cas, c’est entre ma conscience et moi ; d’ailleurs, j’aime à penser que Chirac a peut-être voté Hollande en 2012 et que les déclarations à l’emporte-pièce de Mélenchon ont pour seul but de détruire la gauche, vu que comme tous les bourgeois il vote à droite. (C’était la minute politique-fiction. J’espère.)
Mais même si on pouvait prouver que l’individu a effectivement menti, ça ne suffirait pas : il faudrait en plus montrer qu’il y a un préjudice, c’est-à-dire prouver que la fraude du sale gauchiste aurait modifié l’issue du scrutin. Or, comme tous les électeurs de droite votent eux aussi à bulletin secret, ça sera encore plus compliqué à prouver. Les candidats défaits pourraient attaquer parce qu’ils ont perdu ? Mouahahaha. Il faudrait qu’ils prouvent que les électeurs naturels de la droite et du centre les auraient désignés. Pas gagné, hein ?
Mais ce n’est pas tout. Il manque un truc, encore.
On parle de la “charte de l’alternance”, que tous ceux qui souhaitent voter aux primaires de la droite et du centre doivent accepter.
C’est tout.
Nulle part ne sont définies “les valeurs républicaines de la droite et du centre”. J’ai cherché, j’ai pas trouvé.
Or, je pense pouvoir dire que je partage les valeurs républicaines : depuis longtemps, je trouve plutôt positif qu’on ait éliminé l’absolutisme, puis la royauté (non, ça n’a pas été simultané), je crois que les citoyens d’un pays doivent en être eux-mêmes les souverains et je pense que la République est le moins mauvais système pour parvenir à cette souveraineté populaire. Ce sont les valeurs républicaines, qui je crois ne sont pas spécifiques à la droite et au centre mais qui, surtout, ne sont pas différentes à droite et à gauche.
Quant à dire que je m’engage pour l’alternance… Hey, vous avez entendu ce que je mets dans la gueule d’Hollande quand je parle de lui ces derniers mois ? J’aurais le choix entre lui et un flan au caramel, ma seule question serait “comment faire pour que les visiteurs de l’Élysée n’essaient pas de manger le président ?”
Bien entendu, je ne pense pas que l’alternance doive forcément passer par l’élection d’un nouveau président de droite — ça en ferait quand même un sacré paquet d’affilée, depuis Chirac¹. On pourrait tenter un centriste ou même un gauchiste, juste une fois pour voir, par acquit de conscience. Mais fondamentalement, je peux sans mentir dire que je partage les valeurs républicaines et que je m’engage pour l’alternance afin de redresser la France.
Ce qui me fait vraiment chier, en revanche, c’est l’idée de donner de l’argent à LR. Ça, ça me pose vraiment un problème moral, bien plus que signer une charte à laquelle, au fond, j’adhère bien plus que les royalistes qui votent UMP depuis des lustres.
¹ Ou plus encore depuis de Gaulle, si vous faites partie des gens qui considèrent Mitterrand comme de droite. Mais personnellement, je laisse le bénéfice du centrisme à un type qui a certes privatisé à tour de bras, mais nous a ajouté une semaine de congés payés, a libéré les fréquences radio et a aboli la peine de mort.