Joyeux anniversaire
|C’était un paradoxe. On le destinait aux tâches les plus simples, et on lui donna le plus gros cerveau de son époque, allant piocher du côté des génies militaires. Ses parents croyaient en effet que de la complexité naîtrait la simplicité.
C’était un paradoxe. Il devait être plus calme, plus sympa, meilleur camarade que tous ses aînés, mais son enfance fut émaillée de tragédies parfois dues à ses réactions inattendues.
C’était un paradoxe. Après cette jeunesse turbulente, il est brutalement devenu l’adulte le plus raisonnable et le plus sans histoire de l’histoire, celui à qui l’on se fie sans hésiter, celui qui s’impose comme référence de son domaine et pousse les anciens à rehausser d’un coup leur jeu ou à prendre leur retraite.
C’était un paradoxe. Il avait eu un prédécesseur, comme lui né d’une large association, destiné à accomplir les mêmes tâches et bâti sur des prémisses similaires. Celui-ci se rêvait dieu des voyageurs, mais il resta stérile ; son héritier spirituel aborde sa troisième décennie avec la plus large descendance de son espèce.
Joyeux anniversaire, Airbus A320.