Joyeux anniversaire

C’é­tait le troi­sième reje­ton de ses parents. Ses aînés étaient des enfants bien éle­vés, intro­ver­tis, appré­ciés en socié­té même si le pre­mier-né avait un côté un peu flip­pant. Pour sa part, le troi­sième enfant déton­nait : agi­té et dépres­sif, il pou­vait tour à tour cri­ti­quer la guerre, grim­per aux murs, piquer une crise de para­noïa, phi­lo­so­pher sur l’im­pla­ca­bi­li­té du des­tin ou la sécu­ri­té ima­gi­naire du monde moderne… ou invi­ter sa copine à faire le mur dans un mur­mure. Il pas­sait ses jour­nées enfer­mé à écou­ter de la musique triste — de Dylan aux Beatles en pas­sant par PJ Har­vey, John­ny Cash, les Pixies ou même les Beach Boys — en lisant Sha­kes­peare sur son Mac et, mal­gré ses éclats régu­liers, il se consi­dé­rait comme un simple tou­riste à la vie morne et sans sur­prise. Vingt ans plus tard, il demeure pour­tant une réfé­rence de sa fra­trie, plus com­plexe et intel­li­gent que ses aînés, plus concret et acces­sible que ses cadets.

image Stan­ley Don­wood / the White Cho­co­late Farm

Joyeux anni­ver­saire, Ok Com­pu­ter.