J’ai un piano !
|Du moins, c’est ce qu’affirme l’agence qui gère mon appartement, voyez plutôt :
J’adore recevoir ce genre de missive.
D’abord, il y a la forme : cette quantité ahurissante de fautes d’orthographe niveau CE2 me fait un plaisir fou. Ça me donne envie de leur offrir un Bescherelle pour Noël. Le “Monsieur” en ouverture et le “Madame, Monsieur” en conclusion laissent également rêveur sur le soin apporté à ce courrier, qui ne fait pas du tout “oh tiens si j’adaptais une lettre-type vite fait par-dessus la jambe sans me relire ?”
La forme, c’est aussi l’organisation, et j’ai eu la surprise en répondant à ce courrier de voir que son émettrice était en vacances. Il faut dire que, signé le 24 mai, il n’a été posté que le 29. Dans ce genre de problème de voisinage, il est important d’agir avec diligence ; un coup de fil ou un courrier électronique auraient fait gagner un à deux jours et je suis déjà étonné de recevoir un courrier postal, mais voir que celui-ci a traîné trois jours sur un bureau avant d’être mis à la Poste me laisse pantois.
Ensuite, il y a le fond. En particulier le fait que personne, à l’agence, n’ait pensé une seconde à me contacter pour vérifier si j’avais un piano, au point de me demander directement d’installer une sourdine sur mon instrument.
(Spoiler alert : non, je n’en ai pas. Tous ceux qui m’ont entendu approcher d’un instrument de musique savent pourquoi.)
Ils n’ont pas non plus, manifestement, demandé au(x) plaignant(s) s’ils étaient venus me demander gentiment, entre voisins, d’arrêter de jouer du piano. Parce que, autre élément important de l’intrigue : ça n’est évidemment pas le cas. S’ils étaient passés, je me serais fait un plaisir de les inviter à visiter mon appartement et, s’ils y trouvaient un piano, à repartir avec et à le revendre pour leur propre profit.
Et puis, il y a ce délicat rappel à la Loi, d’autant plus agréable que je n’ai rien à voir avec cette histoire. Le piano joue en ce moment même, et vous voyez bien que je ne suis pas dessus.
En fait, si les gens de l’agence avaient un minimum cherché à se renseigner, ils auraient pu trouver sur mon compte Instagram une idée précise de la localisation de ce piano :
Oui, voilà, c’est l’appartement d’en-dessous à côté. Au lieu de m’accuser gratuitement, ils auraient pu trouver l’origine du problème et rediriger les plaignants vers les personnes concernées.
(Note : 24 h après ma réponse, je n’ai aucune nouvelle de l’agence. La diligence n’est décidément pas dans leurs priorités.)