Joyeux anniversaire

Papa avait quelque chose à com­pen­ser : il vou­lait mon­trer au monde qui avait la plus grosse (haine des com­mu­nistes). Aus­si, alors que le monde se repo­sait enfin des com­bats les plus épui­sants de son his­toire, Papa pour­sui­vit contre toute rai­son la ges­ta­tion de son bébé, un dieu romain dont le pre­mier des douze tra­vaux serait de laver l’hon­neur fami­lial. Plu­tôt beau gosse mal­gré son embon­point, le petit naquit après une ges­ta­tion longue et com­pli­quée (Papa avait failli mou­rir en couches avec son aîné et de vilains séna­teurs — pro­ba­ble­ment com­mu­nistes — lui fai­saient des misères). La mise-bas se pas­sa bien : bébé pous­sa son pre­mier cri sans souf­france et retour­na tran­quille­ment dans la cha­leur de sa nur­se­rie. D’au­cuns dirent qu’il n’a­vait res­pi­ré qu’a­vec dif­fi­cul­té et qu’il devrait res­ter long­temps à la mater­ni­té ; Papa les trai­ta de sales com­mu­nistes et retour­na cou­ver son oison. Que bébé ait eu la san­té fra­gile reste sujet de débat ; ce qui est sûr, c’est que Papa ne lais­sa jamais son gros ché­ri remettre le nez dehors au milieu de tous ces hor­ribles com­mu­nistes, fai­sant de lui un très, très jeune retraité.

Le bébé le jour de sa nais­sance / seule sor­tie / retraite. — pho­to FAA

Joyeux anni­ver­saire, Hughes “Oie d’é­pi­céa” Hercules.